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31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 01:44

journal"La bohème.

 

 Nous sommes en 1946. En compagnie de Charles Trenet, Piaf se rend à l'enregistrement public d'une émission de radio. Un duo s'avance.

 Le plus petit des deux, un  Arménien, à l'appendice nasal des plus imposants, entonne Le feutre taupé. "Du premier rang jaillit un rire. Un rire particulier, énorme, riche, venant du ventre. Je regarde. C'est Piaf qui se marre. Elle est assise les cuisses écartées, le corps balancé en avant, la tête rejetée en arrière. La bouche ouverte, elle ressemble à une figure précolombienne", écrira Charles Aznavour. La prestation du tandem achevée, Piaf fend la foule et apostrophe Charles :

"Ça te casserait la mâchoire de venir me dire bonjour ?"

 L'intéressé peine à rétorquer que la chanteuse renchérit déjà : "Quoi, t'es con ou j'te fais peur ? Peut-être un peu les deux".

 Le ton est donné.

 D'entrée, elle lui conseille de lâcher son complice. Elle lui paiera aussi sa rhinoplastie !

 Le jeune chanteur a beau poliment expliquer qu'il doit se retirer que sa femme l'attend, Edith Piaf ne l'entend pas de cette oreille, elle alpague manu militari sa trouvaille du jour pour le ramener en son sérail rue de Berry pour un véritable examen de passage en bonne et due forme.

 Quand elle lui demande pourquoi il s'habille en noir et qu'il répond que la crasse est moins visible, elle jubile.

 Quand il relate l'intrépide ronde de ses galères d'apprenti chanteur, ses bals musettes et ses minables engagements, elle exulte.

 Au matin pâle, Aznavour quitte Piaf.

 Il se retrouve dans l'après-midi et voici qu'elle lui propose d'ouvrir ses spectacles avec les Compagnons de la chanson, le débutant commet une bourde magistrale lorsqu'il lui demande le montant du cachet. Elle lui adresse un flot d'injures :

"Bougre de con, minable gagne-petit ! T'as la chance de passer dans le spectacle de Piaf, et tu oses demander combien tu vas gagner. Tout Paris, tu m'entends, se traînerait à mes pieds pour passer avec moi dans mon programme !"

 Ils partiront ensemble en tournée mais comme dit ma Mamie, il faut appeler un chat un chat et là, Aznavour a eut chaud.

 Enfin, quand elle a besoin d'un secrétaire, c'est lui qu'elle embauche, "le petit génie" comme elle l'appelle, ou "le petit con", ou encore "le petit génie con" selon l'humeur du jour...

 Les chansons qu'il lui présente, elle les refuse, y compris Je hais les dimanches dont Gréco fera un succès, à sa grande colère. Sa mauvaise foi est telle qu'elle lui reprochera même de ne pas lui avoir proposés ! Elle adoptera toutefois Jézébel qu'il a adaptée en 1951 d'une chanson de Wayne Shanklin.

 Charles Aznavour n'a toujours pas atteint son étoile, pourtant il a le métier dans le sang...

 Fils d'un cuisinier du tsar Nicolas II, son père, Misha Aznavourian, est chanteur baryton, sa mère, Knar, une actrice issue d'une famille de commerçants arméniens de Turquie.

 Leur séjour en France ne devait être qu'un tremplin vers l'Amérique. L'attente se poursuit et le couple renonce aux feux de la rampe pour ouvrir un restaurant rue de la Huchette.

 On y chante et danse jusqu'au bout de la nuit.

 Il rencontre son complice Pierre Roche avec qui il compose J'aime Paris au mois de mai, un titre qui mettra plus de trente ans à trouver son public.

 Et ce n'est qu'à Montréal que le duo rencontrera un beau succès.

 Roche restera dans la Belle Province et s'y mariera. Quand Aznavour, lui, se présente au public parisien, c'est une volée de bois vert : on lui reproche son physique, sa petite taille, sa voix trop voilée...

"On m'a hué, envoyé des sous, des canettes de bière mais j'ai tenu...", se souviendra-t-il.

 Néanmoins, les artistes se disputent ses textes : Eddie Constantine, Mistinguett, Gilbert Bécaud, Patachou, Philippe Clay... Au point que la presse écrit que "la France est totalement aznavourienne".

 Il a trente six ans et est au bord de raccrocher quand enfin, le 12 décembre a lieu sa vraie grande rencontre avec le public, à l'Alhambra. C'est une chanson qui soudain inverse la vapeur, la septième de son tour de chant...

 A dix-huit ans j'ai quitté ma province

Bien décidé à empoigner la vie

Le coeur léger et le bagage mince

J'étais certain de conquérir Paris...

 Un frisson parcourt la salle, comme une compassion à l'égard de l'anti-héros.

 La chanson pourtant n'est pas autobiographique, plutôt inspiré par la rencontre d'un jeune apprenti artiste dans une boîte de Bruxelles sur le coup des deux heures du matin. Il en faisait des tonnes dans son costume bleu électrique, il avait cru la gloire arrivée quand Aznavour avait poussé la porte. Tard dans la nuit, de retour à l'hôtel, Charles avait écrit la chanson d'une traite. 

 Après quinze années de chemin de traverse, c'est soudain la pleine lumière et les tubes qui s'enchaînent nombreux : Tu t'laisses aller, Les comédiens, La Mamma (plus d'un million de disques vendus), Et pourtant, For me Formidable et Que c'est triste Venise puis La bohème, une chanson issue d'une opérette, Monsieur Carnaval, dont il a composé la musique.

 Georges Guétary, vedette du spectacle, ne pardonnera jamais à Charles Aznavour d'avoir aussitôt enregistré la chanson et fait le succès que l'on sait. C'était toute une époque, comme dit Mamie, un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître...

 

 La suite ? Il va sillonner le monde.

 La nostalgie, la jeunesse et l'insouciance égarées, les bonheurs contrariés sont le terreau de l'oeuvre d'Aznavour.

 "Comment s'y prend-il, cet Aznavour, pour rendre l'amour malheureux sympathique aux hommes ? Avant lui, le désespoir était impopulaire. Après lui, il ne l'est plus", s'étonne Cocteau. 

 A 85 ans, Charles Aznavour, huit cents chansons derrière lui, poursuit une tournée d'adieux qui devrait le conduire aux quatre coins du monde dont à Toulouse en Novembre 2011. J'y serais. Avec ma Mamie.

 Il aura été la seule erreur du Pygmalion Piaf qui jurait qu'il n'aurait aucune chance de devenir chanteur... Piaf ne poussait sur scène que ceux qui enflammaient son coeur, seul l'amour l'inspirait.

 Le grand Charles n'aura pas été de ceux-là...

 

 Rideau. 

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Published by Régis IGLESIAS - dans Des refrains et des Mamies

Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin