"Inclination puissante...
Inclination puissante dépassant la raison pour un individu que l'on désire et que l'on poursuit, et auquel on s'attache de toutes ses forces.
Plusieurs péhnomènes peuvent la caractériser :
"Notre amoureux occupe notre pensée d'une façon obsessionnelle."
C'est un changement d'état de conscience avec une hyperconcentration sur un objet exclusif. Nous focalisons exclusivement notre attention sur un seul individu à tel point que nous nous rappelons des moindres détails associés à l'être aimé. Ce dernier possède en nous une "giga-image".
Notre amoureux est un géant, il prend toute la place sur l'écran de notre imaginaire et dans notre esprit conscient. On voit alors la vie avec des lunettes roses. Notre amoureux occupe notre pensée d'une façon obsessionnelle.
Dans leurs recherches, Beach et Tessser déclarent que leur esprit revient comme un "aimant" sur l'idée de l'être aimé où qu'il soit dans la journée. L'être aimé est ressenti comme un "organe vital" pour notre survie.
Alors concrètement, le sentiment de l'amoureux alterne entre euphorie et anxiété profonde. Au moment où l'on reçoit un SMS ou un mail d'amour, le monde est une merveille. Si on l'attend au delà du moment qu'on espère, on tombe dans le trou noir de l'angoisse.
De même, une énergie immense nous habite, associée à une perte de sommeil et d'appétit. Le tout associé avec un grand élan d'espoir.
Tesser et Reardon expliquent que tous les obstacles mis en travers d'une histoire d'amour risquent d'intensifier la passion un peu comme si, pour éteindre le feu, on soufflait dessus, pour constater qu'en définitive les flammes redoublaient d'intensité.
Ce phénomène est à la base de la grande littérature amoureuse : indisponibilité de l'autre empêtré dans son mariage, la guerre, l'expatriation, une culture opposée...
Mais la passion amoureuse ne dure pas.
S'ensuit une phase d'amour fou de courte durée, en moyenne de quelques semaines à trois ans où le cerveau est sous l'influence de plusieurs hormones et neurotransmetteurs spécifiques. Après cette phase, le réveil est parfois brutal. Ceux qui ne connaissent rien à la neurobiologie peuvent se demander s'ils ne se sont pas trompés de partenaires en accusant l'autre d'avoir caché ses défauts.
Pourtant, il ne s'agit que de la fin d'un processus d'addiction, où le cerveau reprend ses capacités de jugement.
Cette passion amoureuse correspond à un programme génétique. L'état d'excitation lié à l'amour fou est né afin d'assurer la bonne reproduction de l'espèce. Le bébé humain, fragile, a besoin de ses deux parents sur une durée approximative de trois ans pour acquérir une bonne autonomie. Cette première phase de l'amour laisse suffisamment de lien pour garantir un étatamoureux durable. Le "nous" s'installe alors dans l'attachement.
"La passion réveille des sentiments d'attachement et de toute-puissance."
Passion vient du latin passio, qui signifie "souffrance, maladie", Je veux tout de toi et tout de suite", "Je ne veux plus vivre sans toi, tu es mon oxygène, mon âme-soeur" : voilà les messages du passionné.
La passion renvoie au mythe de Platon, l'être hermaphrodite qui veut retrouver son double.
Les deux amants ne font plus qu'un. La passion est au-delà de la fusion, et bien sûr elle exclut le tiers. C'est lorsqu'on parle de passion que l'on dit : "Les amoureux sont seuls au monde." Malheureusement, les deux amants se consument. Ils se nourrissent, se dévorent intensément.
Certaines passions se terminent aussi soudainement qu'elles ont commencé ; d'autres peuvent aboutir sur un amour durable, mais il faudra alors que les deux amants s'éloignent un peu, se regardent vraiment pour accepter de s'aimer différemment, plus du tout d'un amour projectif mais d'un amour raisonnable.
Enfin, la passion agit un peu comme une drogue, on se sent euphorique, capable de surmonter toutes les difficultés pour plaire à l'être aimé, mais cet état est un peu délirant car nous ne sommes pas dans une réalité psychique.
Méfiance donc...