"Le déclic ?
La demi-finale perdue contre l'Allemagne au Mondial 2007 a d'abord suscité beaucoup de colère et nous avons reporté toutes nos rancoeurs sur l'arbitrage. C'était, évidemment, un moyen de se protéger, de se dégagé de toute responsabilité. Une fois que j'ai dépassé ce sentiment, j'ai compris qu'il ne fallait pas se lamenter.
En vérité, nous n'avions pas bien joué, pas maîtrisé ce match. L'idée alors était de chercher les moyens d'éviter que l'histoire se répète. Pour être plus fort, il ne fallait pas craindre de se regarder dans une glace. Le sens de ma fonction dès lors à évolué, vu que j'avais dirigé d'une manière directive et que je décidais seul. C'est l'idée généralement répandue dans le coaching. Mais si tu arrives à juxtaposer les deux avis, à les faire cohabiter, tu finis par avoir une multitude d'informations.
En acceptant d'ouvrir la porte, le joueur comprend que tu le prend en considération. Après six années en place, il me sautait aux yeux que cette équipe méritait qu'on lui fasse confiance. Et comme je ne doutais pas d'elle...
"Miser sur l'intelligence des joueurs plutôt que sur leur obéissance"
C'est un truc qui me guide depuis que je suis tout petit. Je ne crois pas qu'obéir au chef soit un gage de réussite. En obéissant, un joueur se déresponsabilise. Aujourd'hui on écoute les joueurs, on construit des programmes d'entraînement et de préparation autour de leurs remarques. Et ils ont compris que s'ils s'engageaient à fond dans le truc, ils seraient beaucoup plus forts.
"L'équipe est devenue la priorité de chacun."
En 2007, on a aussi créé un comité des sages, régi par les cadres de l'équipe : Fernandez, les frères Gilles, Dinart, Karabatic et Omeyer. On a abordé toutes les questions. Le plus dur a été d'harmoniser toutes les compétences, de réguler aussi tous les ego qui existent dans le groupe. Mais l'équipe naturellement est devenue la priorité de chacun. On a dépassé la quête personnelle et on a compris que l'équipe est la meilleure manière d'améliorer la notoriété de chacun.
L'autre n'est pas un concurrent qui va te prendre toute la lumière, l'autre est là pour t'aider à avoir ta part de lumière. Ils ont réussi parce qu'ils savaient très tôt qu'il ne suffit pas d'avoir des joueurs de talent pour gagner mais que c'était bien en travaillant à parts égales qu'on y arriverait.
"Utiliser la totalité du joueur"
Parce que cette équipe arrivait à maturité, sa capacité à ingurgité tous les ingrédients qu'on lui proposait était aussi très forte. On s'est servi de cette expérience pour utiliser la totalité du joueur. Le talent, la technique, la tactique d'abord, mais il fallait tirer la quintessence de sa dimension psychologique. On l'a senti quand le partage, l'échange se sont installés.
es joueurs-là sont de vrais champions, de grands compétiteurs. Je n'ai pas besoin de chercher des artifices pour les mobiliser et les motiver. Ils sont en quête permanente. Pour eux aujourd'hui, il est question de marquer l'histoire.