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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:54

PICASSO-GUERNICA.jpg"Un tableau célèbre, là, sous vos yeux.


 26 avril 1937. Soudain, à 4 heures et demi de l'après-midi, toutes les cloches de Guernica se mettent à sonner.

 Les entendre à une heure qui n'est celle ni de la messe, ni d'un salut, les habitants de cette petite ville basque savent ce que cela signifie : une alerte aérienne.

 

 Ce jour-là, un marché se tient comme chaque lundi à Guernica. Aux paysans venus pour vendre et acheter, s'ajoutent de nombreux réfugiés : cela fait bien trois mille personnes supplémentaires accueillis dans la petite ville.

 Trois mille qui, dès les premières volées de cloches, se sont avec les autochtones acheminées en bon ordre vers les caves et les abris. Un prêtre énergique canalise la foule vers les refuges.

 De tels réflexes, en temps de guerre, les civils les acquièrent très vite. Les impudents, les négligents, les curieux vont bientôt regretter de ne pas avoir suivi le mouvement.

 

 Cinq minutes se sont à peine écoulées que, dans le ciel, on entend le grondement d'un avion. D'évidence, un avion lourd. Ceux qui sont restés dehors le voient, à basse altitude, s'approcher. Il est seul.

 Apparemment sûr de l'impunité, le pilote ne prend aucune précaution. Il se met à décrire un cercle autour de la ville.

 Tout à coup, l'enfer se déchaîne.

 On voit distinctement la soute du bombardier s'ouvrir et un chapelet de bombes glisser vers le sol. Certains les comptent : six. "Elles étaient grosses", diront les survivants. Des grenades viennent "compléter" le travail.

 

On a cru d'abord que le bombardier viserait la gare. Or, les bombes s'écrasent sur le lycée, sur les maisons, sur les rues voisines. Les murs s'abattent, des cratères se creusent. Les flammes, en quelques secondes, se tordent. Le bombardier a rempli sa mission. Il s'éloigne.

 

 Ceux qui n'ont pas été touchés s'élancent vers les rues et les maisons bombardées. Des gens se trouvent peut-être emmurés ! Ce geste secourable est brisé sur-le-champ. Dans le ciel, gronde déjà un autre moteur.

 De nouveau, la soute s'ouvre. De nouveau, des bombes descendent vers le sol. Le même nombre : 6. Des grenades, une fois encore sèment la mort et l'épouvante. Le bombardier, comme son prédécesseur, s'éloigne.

 Cinq minutes s'écoulent : on attend. Dix minutes : on espère. Un quart d'heure : on se rassure.

 

A la recherche des emmurés, on entame des fouilles hâtives. On tente d'éteindre les brasiers. Alors, trois nouveaux avions surgissent dans le ciel. Les premiers, on les avait aussitôt reconnus : c'étaient des bombardiers Heinkel 111, des allemands.

 Ceux-ci, à n'en pas douter, sont des Junkers 52, d'autres allemands. Les hommes qui se sont battus en Espagne les connaissent bien. Les civils aussi.

 

Dès lors, Heinkel et Junkers vont alterner. Le bombardement ne s'interrompra plus, cependant que son intensité augmentera sans cesse. Il a commencé à 16 H 40. Il ne cessera qu'à 19 H 45.

 Quand les derniers appareils allemands disparaissent, Guernica n'existe plus.

 

 Un matin, ouvrant son journal, ma Mamie découvre le massacre impitoyable d'une petite ville de son pays, l'anéantissement délibéré d'une population dans le seul but de terroriser. Elle n'est pas la seule. Pablo Picasso fait la même découverte.

 Quoique vivant depuis de nombreuses années en France - où il a trouvé la gloire -, Picasso demeure profondément espagnol.

 A l'instant, il a saisi ses pinceaux.

 En peignant, il s'est lui-même senti soulevé d'épouvante. Sa toile va en devenir l'admirable reflet.

 

 Comme dit Mamie : Nul, depuis Goya, n'a si puissamment, si douloureusement évoqué les douleurs de la guerre.

 

 Une question est alors sur toutes les lèvres : Qui est responsable des bombardements sanglants de Guernica ?

Nous avons un début de réponse quand, en septembre 1945, deux américains s'entretiennent avec Goering dans sa prison de Nuremberg. Ils se nomment Maier et Sander. Ils lui parlent de Guernica. Réponse : la ville a été utilisée comme "banc d'essai".

 Il ajoute : "Lamentable évènement ! Mais nous ne pouvions pas faire autrement. A l'époque, de telles expériences ne pouvaient pas être menées ailleurs."

 

 Serait-ce donc que la responsabilité de l'anéantissement de la ville doive être attribuée à la légion Condor exclusivement ? Non point.

 Un document apporte la preuve d'une connivence totale entre Allemands et Franquistes. Il montre que ce raid a été engagé à la demande du commandement nationaliste.

  Il fallait s'y attendre. 

 

 

Collection "Mamie explore le temps"

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:39

Staline.jpg"Il faisait froid...

 

 Jamais peut-être il n’avait tant neigé sur Moscou : du moins, c’était l’avis de Mamie.

Pendant tout le mois de février 1953, il avait neigé. Une neige drue, insistante, insidieuse, s’accumulant peu à peu en couche énormes.

 Puis le vent s’était levé, la pourga, le vent glacé de la Sibérie, un vent qui balayait tout. Sous son souffle, la neige s’était prise et transformée en verglas. Circuler dans Moscou devenait une aventure. Seul, de rares trains précédés de leur chasse-neige, quittaient la ville ou y rentraient.

 Le 4 mars, les auditeurs tôt levés qui se rasaient en écoutant Radio-Moscou entendirent soudain à 6 heures 19, un simple flash : le speaker annonçait que Staline était gravement malade.

A 6 h 21, Radio-Moscou précisait que le généralissime était atteint d’une hémorragie cérébrale.

A 6 h 25, l’agence Tass annonçait que Staline souffrait de troubles cardiaques, qu’il respirait avec peine et que des bulletins de santé seraient diffusés à intervalles rapprochés.

A 6 h 36, Radio-Moscou annonçait que l’état du Maréchal ne s’était pas amélioré.

A 6 h 38, l’agence Tass communiquait : "Le pouls de Staline est de 120 et son rythme respiratoire de 38 à la minute".

A 6 heures 55, c’était un communiqué officiel : "Le comité central et le conseil des ministres de l’URSS annoncent qu’un grand malheur vient de fondre sur notre parti et notre peuple : la grave maladie du camarade Staline".

 Suivait un bulletin de santé officiel. Le premier. "Dans la nuit du 2 mars, le camarade Staline a été frappé d’une hémorragie cérébrale atteignant les régions vitales du cerveau.

 Le camarade Staline a perdu connaissance. Le bras droit et la jambe droite ont été paralysés. L’usage de la parole a été perdu". Après quoi, venaient plusieurs paragraphes de pleurs lyriques et d’officiels dithyrambes...

 C’est ainsi que ma Mamie apprit que le plus grand dictateur qui ait régné sur la Russie, depuis Ivan le terrible venait d’être frappé par l’aile de la mort.


 Or tous les éloges éplorés qui courait sur les ondes ne dissimulaient qu’un mensonge.

Là-dessus, Mamie est formelle : tout ce qu’on "dévoilait" sur la mort de Staline était faux.

Les dirigeants de l’Union Soviétique, simulant un désespoir de circonstance, affolés par une réalité qui les libérait mais faisait peser sur eux d’effroyables responsabilités, avaient choisi d’imaginer pour Staline une fin forgée de toutes pièces.

 

 La suite prochainement.

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:29

philby.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Beau temps, ce 7 juin 1951. Rien de plus exquis que le printemps anglais.

Ce matin-là, les trains de banlieue déversèrent leur flot habituel de banlieusards venus pour quelques heures gagner leur vie dans la cité. Aux portes des gares attendaient les habituels marchands de journaux.

Mamie qui acheta le Daily Express découvrit un titre barrant toute la première page : deux diplomates britanniques avaient disparu. Information débouchant tout droit d’un roman d’aventures.

L’article révélait que que deux fonctionnaires du gouvernement britannique avaient quitté Londres avec l’intention de se rendre à Moscou. 

Le même jour, à 5 heures de l’après-midi, le Foreign office publiait un communiqué qui confirmait la nouvelle. Pour la première fois, on livrait les noms des deux fonctionnaires : l’un s’appelait MacLean et l’autre Burgess.

 C’est ainsi que ma Mamie apprit qu’il existait une affaire Burgess-MacLean. Souvenons-nous.

 Tous les journaux évoquèrent la carrière de ces deux fonctionnaires britanniques. On publia leurs photographies. Chaque jour, on en apprenait davantage sur Burgess et MacLean. l’inquiétude se mua en scandale lorsqu’on apprit que Burgess avait été membre des Services secrets britanniques ! Étaient-ils si "secrets", ces services dans le sein desquels pouvaient se glisser des agents soviétiques ?

 Au cours de ce mois de juin 1951, les responsables britanniques crurent avoir bu la coupe de l’amertume jusqu’à la lie.

 Or l’affaire Burgess-MacLean n’était rien - presque rien - comparée à celle qui éclaterait plus tard. Pour que la vérité se fit jour, il fallut des années. exactement douze ans. Le 23 janvier 1963, un autre membre des services secrets britanniques, Kim Philby, quittait secrètement Beyrouth et, par un itinéraire soigneusement jalonné, gagnait lui aussi Moscou. Ainsi donc, douze ans après, Philby rejoignait Burgess et MacLean. Quel coup de théâtre quand on apprit que Philby avait été chef de section de contre-espionnage soviétique de l’Intelligence Service !

 Le comble est que ce maître espion anglais était en fait un agent des services spéciaux soviétiques. Et ce, depuis 1932. Comment avait-on pu en arriver là ?

 Comment les Services secrets britanniques avaient-ils pu être dirigés pendant des années par des agents soviétiques ? C’est toute la question. 

 Une question à laquelle ma Mamie n'a pas voulu répondre. Elle m'a juste dit que l'agent soviétique Guy Burgess avait réussi a être dans la place grâce à son poste à la TSF. C'était l'âge d'or de la TSF.

 Pour passer devant les micros, les hommes politiques feraient n'importe quoi, comme il en est aujourd'hui pour la télévision. Au milieu de ces solliciteurs, Burgess se conduit comme un potentat. Avec cela, il continue à boire outrageusement. En 1937, très ivre, il dit à un ami :

- Je suis un agent du Komintern.

 L'ami ne fait qu'en rire. Et c'est vrai !

 En fait, les excentricités de Burgess le servent. Si Philby avait fait la même déclaration, on l'aurait cru. Burgess, lui, ne suscite que l'hilarité.

 Et MacLean ? Il a réussi le concours du Foreign Office, où il est rentré en 1935. Lui non plus ne parle plus jamais de marxisme.

 MacLean ? Un jeune fonctionnaire convenable, respectable, bien sous tous les rapports. Un seul problème : ses échecs auprès des femmes. On sourit toujours de ses hanches féminines.

 En 1938, il est nommé à l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris. Indéniable, la réussite. La politique ? Il n'en parle jamais. Il est un habitué des "deux-magots" et du Flore". Dans ce milieu très libre, très gai, il rencontre une jeune Américaine, Melinda Marling.

 Étudiante, elle faits es études à Paris. Pour la première fois, voilà Donald MacLean amoureux. Très amoureux, même. On est à la veille de la guerre de 1939.

 Philby quant à lui a été chargé en Espagne de recueillir des renseignements capitaux sur tous les aspects de l'effort de guerre fasciste. Il a  été convenu qu'il transmettrait cette masse d'information de la main à la main jusqu'à des contacts soviétiques.

 Tout cela n'est pas sans danger. Un jour qu'il porte sur lui des papiers importants destinés aux Soviétiques. Il est arrêté à Condoue par la milice franquiste. Il parvient à avaler les papiers. Ainsi sera-t-il sauvé du peloton d'exécution.

 Après la guerre civile espagnole, c'est la guerre mondiale.

 Combien, au long des siècles, découvre-t-on d'individus dont le destin a été modifié par les guerres ! Pour Philby, Burgess et MacLean, c'est maintenant que le destin va tourner.

Définitivement.

 D'abord MacLean. En pleine débâcle française, il a épousé Melinda. Leur nuit de noces s'est déroulée sous les bombardements, dans un champ. Ils ont regagné l'Angleterre où il travaille d'arrache-pied. Il s'est mis à boire.

La situation de Burgess s'est considérablement renforcée. Philby est correspondant du Times à Arras pendant la drôle de guerre. Il s'ennuie ferme. Il n'a rien à raconter à ses lecteurs. Il ne rentrera en Angleterre qu'après la débâcle de juin.

 Que va-t-il faire ? Ici entre en scène Burgess qui le fait entrer à son tour dans les services secrets, lui qui avait recruté Burgess pour les services soviétiques. La dette est payée.

 

 Il existe entre Philby, Burgess et MacLean un étrange point commun : tous les trois, ils se révèlent d'énormes buveurs. Mais Philby a de la chance : l' alcool lui ferme la bouche.

 Un bon point pour lui vu que dans sa vie, se mêlent à chaque instant des activités doubles : celles dont il peut parler, celles qu'il lui faut absolument cacher. Il va lors manigancer pour prendre la tête du contre espionnage britannique.

 A la fin de la guerre, les services soviétiques disposent de trois informateurs de premier plan : Burgess, intime de la plupart des hommes politiques anglais ; MacLean, qui connaît tous les secrets du Foreigh Office ; Philby enfin, chef de la principale section du Secret Intelligence Service.

 Et puis pour Philby le destin tourne encore.

 Il sera envoyé à Washington où il sera chargé de la liaison avec le directeur de la CIA. La CIA, c'est la plaque tournante où l'on veille sur tous les secrets les plus jalousement gardés aux Etats-Unis. On imagine la fièvre de joie qui a dû saisir Philby quand il a appris sa nouvelle nomination.

 A ce poste, que des renseignements capitaux il allait pouvoir récolter à l'intention de ses maîtres soviétiques.

 En 49, on est en pleine guerre froide. On vient d'apprendre que Staline possède à son tour la bombe atomique. Une véritable panique déferle sur les Etats-Unis, une hystérie anticommuniste s'est levée qui aboutira à la trop célèbre "chasse aux sorcières" où le sénateur McCarthy allait tristement s'illustrer. Les journaux calculent l'effet que produirait une bombe atomique éclatant dans le port de New-York.

 Cette peur découle d'un postulat : on est persuadé aux USA que l'URSS n'a pu construire sa bombe atomique que grâce aux renseignements donnés par des traîtres américains.

C'est précisément le moment où Philby est introduit dans la gueule du loup.

 La CIA mène la lutte anticommuniste, Philby va se retrouver aux premières loges pour en connaître tous les épisodes, même les plus secrets. Un ancien agent de la CIA a déclaré :

- Philby pouvait apprendre tout ce qu'il voulait découvrir.

 La suite ? Le scandale. Immense, le scandale.

 

 On vient de démasquer Fuchs, on va interroger longuement Philby. Mais on arrive pas à le prendre en défaut. Il répond victorieusement à d'innombrables questions.

 Il suffit qu'un agent secret soit soupçonné pour qu'il soit "brûlé".

Maintenant, Philby n'est plus rien.

Il ne doit plus songer qu'à gagner sa vie. Il sera représentant en pâte dentifrice. Cette partie de sa vie reste mystérieuse. Il va ensuite devenir correspondant de presse à Beyrouth où il arrive en septembre 1956. Son épouse, Aileen, est morte. Il épouse Eleanor, qu'il enlève à un confrère américain qu'il avait connu durant la guerre d'Espagne. A Beyrouth, Philby boit toujours davantage. L'effondrement est spectaculaire.

 En 1961, la police britannique est convaincu qu'il a travaillé pour les Soviétiques mais Philby ne flanche pas lors des interrogatoires. A la fin de 1962, un nouvel officier est dépêché qui lui redit la certitude de Londres qu'il est un espion

 Cette-fois, Philby va craquer.


 Quelques semaines plus tard, il apparaît à Moscou.

 Melinda avait retrouvé MacLean en URSS en 53. Burgess était mort en 63 sans avoir revu Philby. MacLean, lui, avait appris le russe et travaillait au ministère des affaires étrangères.

 De l'aveu des gens qui l'ont rencontré, son alcoolisme avait encore fait des progrès. Il était dans un "état épouvantable". Quant à Philby, Eleanor devait aller le rejoindre avec deux de ses enfants, les plus jeunes. Ce rapprochement ne durera guère. Eleanor ne supporte pas la vie soviétique. Elle quitte son mari en 65. Et cette même année, la femme de MacLean, Melinda, vient vivre avec Philby. Il finira par l'épouser.

 A MacLean, qui avait tout perdu, il ne restait que la solitude.


 Voilà tout ce qui reste de l'affaire Burgess-MacLean, de l'affaire Philby, dont on a dit qu'il était l'espion du siècle. Pour se défendre, ils diront qu'ils n'ont pas touché d'argent.

 Ce qui est vrai. N'importe. Danton criait que l'on n'emporte pas sa patrie à la semelle de ses souliers. Philby et MacLean ont-ils oublié entièrement leur patrie ? On peut penser qu'au milieu de leur apparent confort moral, il leur sera impossible de se sentir entièrement à l'aise avec eux-mêmes.

 Jamais.

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:06

kkk.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Dans l’Etat de Tennessee, aux Etats-Unis, le village de Pulaski n’est qu’un modeste chef-lieu de canton. Pourquoi ce nom polonais ? Parce que le comte Pulaski accourut un jour mettre son épée au service de Washington et trouva la mort pendant la guerre d’Indépendance.

 Il semblait que le village de Pulaski fut voué définitivement à l’obscurité. Erreur. Car, le 24 décembre 1865, c’est là que six jeunes gens, tous anciens combattants de l’armée du Sud pendant la guerre de Sécession, se réunirent pour fonder le Ku-Klux-Klan.


 Le Ku-Klux-Klan ! Le nom seul parle à l’imagination de ma Mamie.

D’avoir ainsi baptisé ce groupe appelé à faire tant de bruit - et de mal - dans le monde, voilà qui a fait plus pour son renom que tous ses crimes et exactions. Au fait, que voulait dire ce singulier vocable, Ku-Klux-Klan ?

 Certains ont affirmé que le terme voulait évoquer seulement le claquement d’une culasse de fusil. D’autres se disent persuadés qu’il s’agit d’une déformation du mot lux, lumière.

 Un autre jure que l’on a voulu rappeler le souvenir d’un chef fantôme, Clocletz, dont le seul nom faisait mourir les Noirs de peur. Il faut chercher ailleurs.

 Sur le mur d’une maison toujours existante de Pulaski, on peut lire ces mots gravés sur une plaque : "Le Ku-Klux-Klan a été organisé ici, dans le bureau du juge Thomas M. Jones, le 24 décembre 1865.

 Nom des premiers organisateurs : Calvin E. Jones, Franck O. Mac Cord, Richard R. Reed, John B. Kennedy, John C. Lester, James R. Crowe."


 Donc, six fondateurs. Six jeunes gens qui, après avoir vécu intensément les quatre années de guerre, s’ennuyaient à Pulaski.

L’ennui, tout vient de là.

Les six amis avaient décidé de se réunir et de fonder leur club.

 Ils ne se cherchaient pas de but. Il serait bien temps de les trouver plus tard. Pour le moment, il s’agissait simplement de s’occuper et de trouver un nom à l’organisation.

 C’est John Kennedy, lequel avait étudié le grec, qui se souvint du mot kuklos et de changer les lettres os en ux. Cela faisait Ku-Klux. John Lester intervint à son tour. Il rappela que les six membres étaient d’ascendance écossaise. Ils avaient tous lu Walter Scott et se souvenaient des clans célèbres en écosse.

Pourquoi, à la fin du nom, ne pas ajouter clan ?

 Mais, puisqu’il y avait déjà deux k dans le nom retenu, John Lester proposa que l’on écrivît Klan. Le Ku-Klux-Klan était né.

 

La suite prochainement.

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 12:39

troie3.jpg"Un dessin, là, sous vos yeux.

 

 Les pioches s’abattent, les pelles soulèvent la terre à la volée. Là, sur la colline éventrée, une nuée d’ouvriers peine sous le soleil. Car il fait chaud, très chaud, ce 15 juin 1873, à Hissarlitk. Ces ouvriers-là sont au service d’un Allemand devenu citoyen américain, Heinrich Schliemann.

 Le voici, M. Schliemann. La cinquantaine, mince, sévère, les cheveux très noirs encore, une moustache drue qui s’abaisse des deux côtés de la bouche. A grand pas, il parcourt le chantier. Il est partout, surveille tout, domine tout. Un chantier ? Mieux, une passion.

 Car M. Schliemann ne poursuit qu’un seul but : prouver qu’à Hissarlik s’élevait jadis la ville de Troie. Celle d’Homère

L’incarnation de l’un des plus beaux rêves dont se soient bercés les hommes.

 

 L’heure a sonné de la pause des ouvriers. Ils s’égaillent, s’en vont chercher l’ombre et le repos.

Une femme a rejoint M. Schliemann, la sienne.

Elle est jeune - vingt ans -, brune, élancée, avec un visage où se lit, ressuscitée, la beauté grecque des âges classiques.

 Maintenant, Heinrich et Sophia sont seuls devant un mur énorme. Il y a quelque temps que ce mur a été dégagé. Dès que Schliemann l’a vu, il n’a pas douté. Ce mur cyclopéen ne peut avoir appartenu qu’au palais d’un roi. Puisque nous sommes à Troie, peut-on songer à un autre roi que Priam ?

 De l’hypothèse, Schliemann est aussitôt passé à une certitude. Son enthousiasme s’est donné libre cours. Son imagination l’a - une fois de plus - entraîné très loin, vers ces temps homériques où Priam régnait sur Troie, la fabuleuse.

  Schliemann a saisi une pelle. Il creuse. Soudain, la pelle heurte du métal. Il déblaie la poussière, les gravats. Il croît reconnaître de l’or. Il appelle sa femme :

 - Sophia !

Elle a compris au son de sa voix, qu’un évènement important vient de se produire. Vite, elle s’est approchée. Il montre ce qui luit. En silence, Sophia se met à aider son mari à déblayer. Déjà, on peut reconnaître le couvercle d’un coffre. Les Schliemann le soulèvent. Et l’or, cette fois apparaît. Une grande quantité de bijoux et d’objets d’une beauté écrasante dans sa barbarie. Pour Schliemann, une fois de plus, aucun doute 

 - Le trésor de Priam !

 Heinrich Schliemann vient d’écrire la dernière page de l’une des aventures les plus prodigieuses qui soient. Il vient de donner des contours palpables à son rêve d’enfant.

 

 Mamie est formelle quand elle affirme que l’enfance aime l'inaccessible. C’est pour cela que les songes d’enfants ne se refusent rien.

 Et puis la vie coule, les années passent.

Nous oublions notre rêve.

Ou bien, si nous y pensons, c’est avec cette sorte de nostalgie souriante dont se teintent les regrets.

Nous sommes devenus adultes, voilà tout.

Rarissimes sont les exceptions. Mais il y en a. Celle de Schliemann par exemple.

 Son histoire fait penser à Jules Verne. Il y a dans les livres de Jules Verne, de ces histoires où, contre vent et marée, des héros téméraires vont jusqu’au bout de leurs ambitions. Ils se rendent autour de la lune, ils voyagent jusqu’au centre de la terre, ils survolent l'inaccessible Afrique en ballon, ils font le tour du monde en quatre-vingt jours

 L’histoire vraie d’Heinrich Schliemann fait penser à ces destins imaginaires.

 Il est né en 1822 au village de Neubukow en Allemagne, où son père était pasteur.

 En 1829, Heinrich reçut pour cadeau de Noël une Histoire universelle dont l’auteur était Ludwig Jerrer. Il l’ouvrit sur le champ et tomba en arrêt devant une gravure représentant l’incendie de la ville de Troie. La réaction fut immédiate :

 - Père, Jerrer a vu Troie ; autrement il ne pourrait pas la représenter ici !

 - Mon fils, répliqua le pasteur, ce n’est qu’une image de fantaisie.

Alors, Heinrich s’écria :

 - Père, si de tels murs ont jamais existé, il est impossible qu’ils aient été complètement détruits ; ils ont du laisser de grandes ruines et elles doivent subsister encore ; mais elles sont recouvertes par la poussière des siècles.

Le père, naturellement, maintint son opinion. L’enfant défendit mordicus la sienne. En fin de compte, il s’écria qu’un jour il irait à troie et qu’il en retrouverait les restes.

 A sept ans, le rêve d’Heinrich Schliemann venait de prendre son essor.

 

 Quand il parlait de Troie à ses petits camarades, ils se moquaient de lui. Seules deux petites filles l’écoutaient avec intérêt. Elles s’appelaient Louise et Minna. Celle qui écoutait le mieux était Minna, qui avait exactement l’âge d’Heinrich. Bientôt ils devinrent inséparables. Ils jurèrent qu’ils s’aimeraient toujours. Sûrement ils se marieraient un jour.

 Le pasteur savait le latin. Il l’apprit à son fils. Le petit avait neuf ans lorsque sa mère mourut. Ce fut la fin de son enfance heureuse.

 La suite ? Son père fut discrédité pour avoir pris sa servante pour maîtresse. Le résultat : la misère. 


 Heinrich entra comme commis dans une épicerie de la petite ville de Furstenberg. Pendant cinq ans et demi, il allait vendre des harengs, de l’eau-de-vie, du lard, du sel. Il allait broyer des pommes de terre dont l’épicier faisait un alcool très prisé. Il allait balayé la boutique.

 La clientèle ? De pauvres gens.

Les études pour Heinrich ? A peine un souvenir.

Même il oubliait ce qu’il avait appris. Ou tout au moins il croyait l’avoir oublié. Un jour, un étudiant, chassé de l’école pour mauvaise conduite entra dans la boutique.

Il était éméché.

 Mû par on ne sait quelle pulsion, il se mit à réciter en grec une centaine de vers d’Homère. Heinrich, bouche bée, écoutait cela. Il ne comprenait pas un mot, mais la langue et le rythme l’enchantaient. Il offrit un petit verre d’eau-de-vie à l’étudiant et demanda une nouvelle édition. Le garçon dut même réciter les vers une troisième fois, mais il y gagna trois verres d’eau-de-vie en tout.

 Maintenant Heinrich Schliemann rêvait d’apprendre le grec.

 Alors qu’il vendait du hareng ou de l’huile, quelle pratique aurait pu croire que le petit apprenti épuisé pensait à la ville de Troie et aux poèmes d’Homère ? Qui aurait imaginé que le petit garçon épicier pensait à Agamemnon, à son frère Ménéla, à Ulysse, à Achille enfin, le plus vaillant ?

 Etait-elle vraie la ruse que raconte Homère, l’histoire du cheval de Troie, un cheval dont le ventre était bourré de guerriers ?

 Le petit Schliemann n’en savait rien. Mais ce qu’il savait bien, c’est que les murs cyclopéens, même si la ville avait été pillée et incendiée, n’avaient pas pu brûler.

 C’est le temps qui les avait fait disparaître. Il est bien vrai que la poussière du temps peut recouvrir des ruines. Elle ne peut pas les effacer.

 Cinq ans et demi, oui. Le travail qui dévore et annihile le jeune Schliemann. Il va sur ses vingt ans mais comment sortirait-il de la situation où il se trouve ?

Paradoxalement, ce qui le sauve, c’est un accident.

 Un jour qu’il veut soulever une barrique trop lourde, il sent que quelque chose se déchire sur sa poitrine. A partir de ce moment-là, il va cracher le sang.

 En fait il présentera tous les symptômes de la tuberculose. Sa faiblesse le rend impropre au travail qu’on lui demande. Il doit quitter la boutique. Il réussit ensuite à se placer de nouveau dans un magasin d’épicerie. Il est devenu si faible qu’il ne peut presque plus rien faire.

 On le renvoie. 

 Même sort dans un second magasin.

Il touche le fond du désespoir. Il a toujours été pauvre, il est devenu misérable.

 Le 28 novembre 1841, il quitte Hambourg et embarque comme mousse sur le Dorothea, un brick en partance pour l’Amérique du Sud. Là, un vent contraire va forcer le bateau à courir des bordées devant l’île d’Héligoland.

 Dans la nuit du 11 au 12 décembre, un ouragan se lève. Le bateau est jeté sur le banc non loin de l'île de Texel. Une voie d’eau se déclare. C’est le naufrage.

 Les neufs hommes de l’équipage - y compris Schliemann - se réfugient dans le canot de sauvetage. Une mer en furie. Un infini péril, la peur. Après neuf heures de navigation tumultueuse, l’embarcation est jetée sur un banc de sable près de la plage de Texel. Imaginons Schliemann sur cette plage.

 Epuisé, titubant, trempé. Dans cette infortune absolue, voici que surgit pourtant une chance : il récupère sur le sable la petite caisse qui porte ses affaires ainsi que les lettres de recommandation que le courtier en navire lui a procurées avant le départ. Du coup, ses camarades le baptisent Jonas. 

 Que faire ?


L’homme qui va le sauver, c’est toujours le courtier en navires, M. Wendt, un ancien ami de sa mère. Heinrich lui a écrit pour lui raconter ses malheurs. Wendt est à table avec des amis quand il reçoit la lettre.

 Le récit du naufrage soulève la compassion. On fait une collecte. Elle rapporte 480 francs qui sont aussitôt envoyés à Schilmann. Mieux encore : Wendt le recommande au consul général de Prusse à Amsterdam, qui le fait entrer comme garçon de bureau chez un certain M. Quien.

 Il est tiré d’affaire.

 Son travail ? Timbrer des lettres de change, aller les toucher en ville, mettre des lettres à la poste, en rapporter d’autres. Ce travail lui plaît : il lui laisse l’esprit libre pour apprendre.

 Apprendre, voilà le mot clé de la vie d’Heinrich Schliemann.

Dans son épicerie, il a été frustré de toute étude. Il veut se rattraper.

 

 Il s’agit d’abord de savoir écrire lisiblement. Il prend vingt leçons d’un professeur de calligraphie. Succès.

Ensuite, il décide d’apprendre les langues étrangères. Tout cela coûte cher.

Tant pis. Va pour un une misérable mansarde et des dîners qui ne coûtent jamais plus de quatre sous.

"Mais rien ne me stimule plus à l’étude, écrira-t-il, que la misère et la perspective de m’en sortir à force de travail." Et aussi, il y a Minna. Il pense toujours à Minna. Il l’aime toujours. Il doit être digne d’elle.

 Donc - c’est la logique d’Heinrich -, il faut bien savoir l’anglais.

 Chaque jour, il prend une leçon. Mais surtout, il passe des heures et des heures de répétition solitaire. En faisant ses courses, il tient un cahier à la main qu’il consulte sans cesse.

 Quand il fait la queue à la poste, il lit des livres anglais. Sa mémoire devient colossale. Au bout de trois mois, il est capable de réciter vingt pages imprimées d’anglais après les avoir lues seulement trois fois. Il ne dort que quelques heures, jugeant que les répétitions de nuit sont plus utiles que celles du jour, la mémoire - affirme-t-il - étant plus puissante la nuit.

 Au bout de six mois, il sait l’anglais couramment.

 Il entre alors comme correspondancier et teneur de livres dans un bureau, d’abord aux appointements de 1200 francs. Comme il donne toute satisfaction - voilà qui n’étonne pas ma Mamie -, son salaire passe à 2000 francs.

Alors, il apprend le russe.

 Il n’y a pas de professeur dans le coin, tout ce dont dispose Schliemann, c’est d’une grammaire, d’un dictionnaire et d’une traduction de Télémaque. Il reconstitue la langue tout seul. Comme il préfère parler à quelqu’un, il loue chaque soir les services d’un pauvre juif qui vient l’écouter parler russe, alors que lui, le juif, ne sait pas un mot de russe. 

 Quand des russes arrivent à Amsterdam pour traiter avec leurs collègues, Schliemann est sur le coup.

Miracle ! son accent est excellent.

Pour ses employeurs Hollandais, il devient une manière de providence. On lui donnera la responsabilité de toutes les tractations avec la Russie.

 Il est donc logique que lorsque sa firme a besoin d’envoyer quelqu’un en Russie, elle choisisse  Schliemann.

En janvier 1846, le voici à Saint-Pétersbourg. Il règle en un tournemain tous les problèmes et réussit toutes les affaires qu’il entreprend.

Ses employeurs gagnent grâce à lui énormément d’argent.

 Quelques mois plus tard, Schliemann franchit le Rubicon : il quitte la maison qui l’employait jusque-là et fonde sa propre firme.

 Il n’a que vingt-quatre ans.

Déjà, il est plus qu’à son aise. Sa première impulsion : demander la main de Minna. Il n’a pas de nouvelles depuis bien longtemps. Il n’a pas cessé de l’aimer. Une lettre lui parvient en réponse de la sienne : Minna est mariée, depuis trois mois à peine.

 Il croit en mourir, tombe malade, doit garder le lit. Enfin, peu à peu, il entre en convalescence. Il écrira : "Le temps, qui guérit toute blessure, guérit enfin la mienne et, malgré mes regrets, je continuai mes affaires commerciales sans interruption nouvelle."

 Elles prospèrent ses affaires. De plus belle. Deux ans plus tard, sa fortune atteint 200 000 francs.

 La suite ? Il se marie avec Ekaterina Lyschine, une Russe d’une grande beauté. Il aura d’elle trois enfants, mais le ménage sera un enfer. Ils n’ont aucun point commun.

 Elle est frigide et se désintéresse totalement de la ville de Troie. Il n’a qu’un regret : ses affaires prennent tout son temps et il a du interrompre ses études de langues.

 Il écrira plaintivement : "Ce ne fut qu’en 1854 que je pus apprendre le suédois et le polonais."


 Pendant la guerre de Crimée, il se lance dans le commerce d’armes.

Il double sa fortune en moins d’un an. En 1856, celle-ci commence à être considérable.

Il décide de souffler un peu. 


 Jusque-là, il avait toujours remis à plus tard l’étude du grec. Le moment est venu.

Il apprend en six semaines le grec moderne. Et puis, en trois mois, le grec ancien. Enfin il peut lire Homère dans le texte. Enfin il peut lire en grec la belle histoire de Troie, les combats d’Achille et d’Hector, l’enlèvement de la belle Hélène, la rivalité d’Agamemnon et de Priam. Le siège de Troie.

 En 1958 , il s’aperçoit tout à coup que les bribes de latin que lui a enseignées son père, il ne s’en souvient plus.

Oubli stupéfiant. Le latin lui semble très facile, il l’apprend en six semaines.

 Pendant ce temps-là, sa fortune ne cesse de s’accroître. Il est devenu fabuleusement riche. Un milliardaire. Alors, il écrit : "En 1958, me trouvant assez riche, je me retirai des affaires."

 Il a trente-six ans.


 Il décide de voyager, parcourt la Suède, le Danemark, l’Allemagne, L’Italie, l’Egypte. Il remonte le Nil jusqu’à la Nubie. Et s’apercevant qu’il ne sait pas l’arabe, il l’apprend en six semaines. Il le parlera si bien qu’il osera se rendre à La Mecque, déguisé en pèlerin musulman.

 On sait que tout non-musulman qui pénètre en fraude à la Mecque risque la mort. A aucun moment, les Arabes qui entourent Schliemann n’éprouvent de doute sur son origine. Il faut dire qu’il a pris la précaution, avant ce pèlerinage, de se faire circoncire.

  En fait, il tourne toujours autour de son rêve.

Ce rêve qui ne le quitte jamais.

 L’été de 1859, le voici à Athènes. Une véritable fièvre l’habite. Il sent qu’il touche au but. Il va s’embarquer pour Ithaque. Les héros de toute sa vie, il va se confronter avec eux.


 Erreur. Sa fortune est placée dans des maisons de commerce, surtout en Russie. La nouvelle lui parvient que l’un de ses débiteurs principaux vient de faire faillite. Va-t-il tout perdre ?

 Il vole en Russie, rétablit ses affaires en un clin d’oeil. En cinq mois, il emporte pour plus de douze millions de marchandises et se lance dans les cotons. Aux Etats-Unis, c’est la guerre de Sécession, le coton est rare.

 Schliemann gagne une nouvelle fortune.Par amusement, il entreprend le commerce du thé.Une bagatelle qui, en quelques jours, lui rapporte vingt millions. "Le ciel, écrit-il,  avait béni mes opérations commerciales. Cependant, je n’avais pas oublié Troie et la résolution que j’avais prise en 1830, devant mon père et Minna, d’en découvrir des restes. J’aimais l’argent, assurément, mais seulement comme le moyen de réaliser cette grande idée de ma vie."

 Il quitte les affaires et voyage encore et lors de son dernier passage aux Etats-Unis, il avait réussi un nouvel exploit : il avait divorcé à Indianapolis.

 Adieu, l’insupportable épouse !


 C’est donc en célibataire qu’il s’installe à Paris. Mais en célibataire qui ne songe qu’à se remarier. Il sait déjà de quelle nationalité sera sa nouvelle épouse : elle sera grecque.

 Pour un homme qui a décidé de consacrer le reste de sa vie à retrouver Troie, une Grecque s’impose. De plus, il faut que cette Grecque ressemble à Hélène de Troie. Telle qu’il se l’imagine bien sûr. Il a écrit à un de ses amis athéniens et lui a demandé d’établir une liste de jeunes filles pouvant faire l’affaire.

 Il faut qu’elles soient de pure ascendance grecque, et aussi belles que simples. Il demande des photos. Les photos arrivent. Schliemann examine chaque portrait et chaque description avec le soin méticuleux qu’il met à toute chose. Il en revient toujours à Sophia Engastromenos. Indéniable, sa beauté.

 Emouvante, la noblesse de son allure. Charmante, sa jeunesse : elle n’a que dix-sept ans, il ne semble pas avoir trouvé que la différence d’âge pouvait représenter un obstacle. Schliemann écrit : «J’irai à Athènes et épouserai Sophia.

 Septembre 1869. Schliemann arrive à Athènes. Sur-le-champ, il se rend au pensionnat où étudie Sophia. Au milieu des élèves, il la découvre. Il n’hésite pas : c’est elle, c’est Hélène.

Les choses sont menées tambour battant.

Emerveillé par tant d’argent, les parents intiment l’ordre à la jeune fille d’épouser le milliardaire. Docile, elle consent. Le mieux est que ce mariage de raison deviendra un mariage d’amour. Ils seront heureux et auront deux enfants : Agamemnon et Andromaque.

Il reste à Schliemann à découvrir Troie. Il l’a découvrira en se fiant à Homère.

 Un jour, tout concorde, la description d’Homère et le lieu qu’il a découvert. Il ne reste plus qu’à engager les ouvriers, qu’à ouvrir la colline. Assurément, c’est là, sous la terre, que se trouve la ville fabuleuse.

 De 1870 à 1873, Schliemann va fouiller le site de Troie.

Presque toujours, Sophia sera à ses côtés.

 On dirait que son mari lui a insufflé sa passion. Rien n’arrête Schliemann : ni la fièvre provoquée par les moustiques, ni le manque d’eau potable, ni le peu de zèle des ouvriers. Ni surtout le dédain et parfois les moqueries des savants de tous les pays.

 Naturellement, Schliemann a appris le turc. Il mène ses ouvriers - une centaine -avec une énergie remarquable. Homère avait dit que des murs entouraient le temple. On creuse et on trouve les murs.

 Et plus l’on creuse, plus on trouve de murailles. On voit bientôt apparaître des rues, des façades, des maisons. Comment ne pas comprendre l’émotion bouleversée d’Heinrich Schliemann ?

 Et puis, à mesure que l’on creuse davantage, on trouve toutes les traces de la vie, les ustensiles de l’existence quotidienne, les vases, les récipients. Et puis des bijoux. Et puis des armes.

 Les journalistes accourent.

On est témoin du prodige.

La presse du monde entier évoque le miracle de la résurrection de Troie.

 Schliemann a charrié avec ses ouvriers 250 000 m3 de terre. Il s’est battu. Il a gagné. Il décide d’arrêter les fouilles le 15 juin 1873.

 La veille, ill vient encore une fois inspecter le terrain. Il fait très chaud, le soleil brille. Sa femme et lui descendent encore une fois devant le mur de ce que Schliemann jurait être le palais de Priam. Et c’est la découverte.

 Le trésor, le châle qui s’emplit de merveilles.

 Schliemann demandera à Sophia de porter les bijoux dont il jurait qu’ils étaient ceux de la belle Hélène.

 Le trésor de Priam, Schliemann allait l’évacuer clandestinement de Turquie, le transporter à Athènes. L’évènement fit un bruit énorme. Le nom de Schliemann devint illustre dans le monde entier. Pourtant, il s’était trompé. On prouva plus tard que le trésor qu’avait découvert Schliemann était celui d’un roi qui avait vécu mille ans avant Priam.

Qu’importe ! Il avait retrouvé Troie.

 Dans la foulée, Schliemann se met en quête de trouver les tombes d’Agamemnon et de ses amis assassinés dans des circonstances cruelles.

 Il creuse et il trouve neuf tombes, contenant en tout quinze squelettes.

Il téléphone au roi de Grèce : "C’est une très grande joie pour moi que d’annoncer à Votre Majesté que j’ai découvert les tombes que la tradition désigne comme celles d’Agamemnon, de Cassandre, d’Eurymédon et de leurs compagnons tués au cours d’un banquet par Clytemnestre et son amant, Egisthe."

 Surchargés d’or et de joyaux, les corps. C’est là que Schliemann trouvera les armes les plus précieuses. "C’est un monde entièrement nouveau, insoupçonné, que je fis pénétrer dans le domaine de l’archéologie", a écrit Schliemann. C’est vrai. Et encore : "Tous les musées du monde réunis ne possèdent pas la cinquième partie."

 C’est vrai encore.

 En 1890, après avoir pratiqué d’ultimes fouilles à Troie, il doit s’embarquer pour l’Italie. Le jour de Noël, à Naples, il tombe dans la rue inanimé. Personne ne veut le transporter à l'hôpital. Qui paiera le transport ?

 Or cet homme-là est milliardaire et il a découvert Troie. Il mourra le jour même, le jour de Noël. On lui fera des funérailles nationales.


 Un mot encore.

Pendant la guerre, les poteries de Schliemann avaient été envoyées dans la région de l’Oder. Et puis ce fut la débâcle de 45.

 Les caisses furent laissées à l’abandon. Mais le village où elles se trouvaient vivait depuis fort longtemps dans une tradition : quand quelqu’un se mariait, il fallait pour lui porter bonheur, briser la vaisselle devant sa porte la veille des noces. En 1945, dans un pays anéanti, la vaisselle était un bien précieux. Impossible de s’en procurer de nouvelle.

 Un jour, dans une grange, quelqu’un découvrit ces caisses de vieilles poteries sans valeur. Alors, désormais, chaque fois que quelqu’un se mariait, on allait chercher les poteries de Schliemann et on venait les casser avec des cris de joie devant la maison des futurs mariés. C’est ainsi que Troie exhumé par un Allemand s’est trouvée de nouveau intégrée dans la terre, et dans la terre d’Allemagne.

 Comme si le sort avait voulu que la réalité revint à son point de départ : le rêve d’un enfant.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps
11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 13:30

Depeche"Dictionnaire à l'endroit de ceux qui "filent droit" !

 

 Au lieu de : "Il ne faudrait pas exagérer, mon fils, il y a longtemps que tu aurais dû rentrer de l'école", maman disait : "Faudrait pas attiger, fiston, il y a belle lurette que tu aurais dû rappliquer à la maison", et papa d'ajouter finement : "Tu n'as qu'à remettre ça, si tu veux essayer mon 44 fillette !"

 N'est-il pas plus charmant, au lieu d'"accomplir l'acte charmant", de "s'envoyer en l'air", d'"amener le petit au cirque", de tirer sa crampette", ou, comme l'écrivait joliment le grand Rabelais, de : "jouer aux dames rabattues" ou de mettre le pape dans Rome" !

 Au lieu d'éjaculer dans les draps", d'"envoyer son enfant chez la blanchisseuse" ou de "moucher la chandelle" !

D'une femme ayant ses "règles" de dire "elle a ses coquelicots", "elle a repeint ses grilles de minium" ou "son chat a le nez cassé" !

 Le beloteur qui quittait soudain la table pour aller satisfaire un besoin pressant disait à ses potes : "Bougez pas les gars, je vais faire pleurer la fauvette", ou encore "je vais faire sangloter mignonne"...!

 Au comptoir on buvait des pastis ou un mandarin-citron pour "se dégraisser le toboggan" ! Le type trop gros s'appelait "Boule de suif", le trop maigre "Fil de fer", et on s'ingéniait gentiment à préciser au troisième que, s'il était trop petit, c'est qu'il avait "interrompu par un coup de sonnette" !

 A midi, les clients attendaient impatiemment la daube ou la blanquette qu'avait mitonnée maman, pour se caler les badigoinces" et "s'en mettre plein le fusil" ou "la boîte à ragout". Le "morpion" que je suis à cette époque ouvre grand ses "étiquettes" pour ne pas paumer une syllabe de ces barbarismes précieux.

Il va l'avoir dans l'oeuf ! - Ne pas pouvoir filer un flèche - Se faire écraser les salsifis - Dudule - le patchouli - aboule l'oseille - secouer sa gélatine - taper le carton - cracher le morceau - les poulagas - Quand Riton Gueule en or bouffait les flutes de Champ' tu peux croire que c'était l'affiche ! - une minijupette à ras des noix - ça n'a pas loupé ! -un joli petit lot - se faire piquer ses fifrelins - quand il avait la biroute à l'air, il faisait son petit effet.

 Faire une partie de jambes en l'air - Quand il est allumé, il vendrait ses vieux pour un pastaga - il était salement amoché - avec le châssis qu'elle se payait, la pauvre Bella avait jamais connu que l'amour à la papa ! - Les amortisseurs de la Lollobrigida, j'en connais plus d'un qui se les serait faits à la coque, même sans beurre et sans sel - se dégraisser les amygdales ou avoir les amygdales en pente (boire ou quelqu'un qui aime boire)

 Au premier coup d'arbalète dans l'entrée de service, la Ginette a hurlé comme si on l'égorgeait - Quand la taulière a ses argagnasses, c'est pas le moment de lui demander une rallonge - il était furibard ! - le vioque était plein aux as - Ils se sont fait salement assaisonner. Faut dire qu'il y étaient pas allés avec le dos de la cuillère - Riton avait berluré la rouquine en lui expliquant que la purée d'un mec était un sacré fortifiant ! Depuis, elle avalait la fumée comme un premier communiant le petit Jésus ! -Tous les matins, Gina se faisait avoiner par Marcel - Si ma tante en avait, elle aurait un vélo d'homme - il avait une sacré moelle.

 

Abattage (maison d').

Lieu de prostitution à la chaîne.

Exemple.- C'est pas les soixante-dix Gustaves du samedi soir qui vous foutent les gagneuses sur les rotules dans les maisons d'abattage. La rouquine le disait souvent : "C'est surtout l'escalier !"

 

Abricot.

Sexe féminin.

Exemple.- Quand tu roules une pelle d'acier à Lily-Volcan, y'en faut pas plus pour qu'elle ait l'abricot en folie !

 

Accroché.

Pris, dépendant, accoutumé.

Exemple.- Que tu soyes accroché à l'acide ou au Ricard, de toute façon, t'es bon !

 

Affaire.

Amant ou amante exceptionnel.

Exemple.- La même Dolorès, la gonzesse à Jeannot, c'est pas une chagatte qu'elle a, c'est un vrai casse-noix ! <il le dit lui-même, au pageot c'est une sacrée affaire !

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Published by Régis IGLESIAS - dans Les souvenirs de ...
1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 16:51

Depeche"Mamie, tu tires ou tu pointes ? 


 Les règles du jeu étaient simple. Les boules étaient lancés par un joueur qui courrait en même temps que son tir. Un seul but, se rapprocher du cochonnet, appelé aussi cochon, petit, pitchoune, gamin, gari, maître, biberon, téton, bouchon, lucre, juge, ministre ou gendarme...


Et soudain un soir de juin 1910, le destin de ce jeu bascule au milieu de sa course...


La scène se passe à La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône. Jules Hugues, dit Le Noir, est le roi des boules dans ce bourg au bord de la mer, mais l'âge et l'arthrose l'ont rattrapé ! Depuis quelques mois, il enrage d'être cloué sur une chaise en regardant ses compères s'élancer sur la piste de sable.


Deux amis, les frères Pitiot, qui tiennent le café donnant sur la placette, imaginent une solution pour le soulager. Ils lui proposent de jouer, au milieu d'un cercle tracé sur le sol, "les pieds tanqués" (tanquer est un mot occitan qui signifie arrêter, bloquer). Ce terme donne naissance à la pétanque qui va connaître un engouement extraordinaire dans notre pays !


 Sous les platanes centenaires ou les préaux, des pièces de théâtre de boulevard vont se jouer dans tous les villages de France. Tireurs, pointeurs, et même spectateurs s'apostrophent, se défient, se taquinent dans des doublettes ou triplettes homériques. Ce jeu est synonyme de détente, de soleil, d'amitié, d'exubérance, de franche rigolade. Vous vous en doutez, Mamie était toujours de la partie.


Et elle n'a jamais été fanny. Vous savez la douloureuse Fanny où le joueur qui est battu 13 à 0 doit aller embrasser le cul de Fanny, dont la photo est souvent affichée sur les terrains de pétanque pour perpétuer la tradition. Ma Mamie m'a dit qu'on pouvait lire sur ces photos : "Pour avoir joueur maladroit manqué de touche, tu devras au cul meilleur endroit, poser ta bouche..."


Un soir de confidence, ma Mamie m'a raconté cette partie de boules qui fit... 38 morts. Il ne s'agit pas d'une galéjade marseillaise, ou d'une contestation de points qui aurait mal tourné. L'histoire est malheureusement véridique. C'était le 29 mars 1972, des soldats étaient réunis dans le couvent des Récollets. ils patientaient avant de rejoindre un bataillon de garde-nationaux, revenant d'Arles.

 Pour passer le temps, certains proposent un lancé de boules avec des objets biens spéciaux... Il s'agit de petits boulets de canon entreposés dans une salle du couvent qui fait office de poudrière. la partie est déchaînée, les boulets rebondissent sur les pavés du cloître en produisant des étincelles. Sur un tir mal ajusté, l'un des boulets va fuser à travers la porte de la poudrière laissée ouverte... On imagine la suite.


La poudrière saute et le couvent avec. Un bon quart de Marseille est secoué par l'explosion. Les secours vont relever des décombres 38 cadavres et un grand nombre de blessés victimes d'une innocente, mais bien tragique partie de boules...


Fin de la partie.

 

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Published by Régis IGLESIAS - dans Ma Mamie m'a dit
1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 16:23

Depeche"1099 morts.

 

 Courrières, 6 h 45 du matin, le 10 mars 1906. Une formidable explosion vient de secouer la fosse n°3 dans laquelle sont descendus près de mille cinq cents mineurs. Nul ne sait ce qui s’est passé.

 

 Les premiers rescapés restent muets de terreur. Ils ont le visage noirci, les vêtements déchirés, les mains et le visage en sang. Certains s’enfuient à toutes jambes.

 Quand ils racontent, comme le fait Pierre Dasson, sorti indemne de la fournaise, c’est pour évoquer le vacarme assourdissant, l’air qui se raréfie, les vapeurs toxiques, les camarades qui tombent, les corps qui s’enchevêtrent.

  Des épouses, des mères, des femmes affolées qui crient, qui pleurent, qui s’évanouissent. Elles attendent un père, un mari, un fils, souvent les trois.

 Et parfois même toute leur famille comme Philomène Pétain ou Cordule Levan, qui perdent chacune dans la catastrophe leur mari et leurs quatre garçons. Mile quatre-vingt-dix morts au total.

"Le destin", disent les journaux de droite. "Une sommation de justice sociale", écrit-on à gauche. 


Pas de chance ? Comment qualifier autrement l’infortune de ces pauvres bougres auxquels la mort avait donné rendez-vous par 350 mètres de fond ? 

 Est-ce que l’accident était inscrit en filigrane dans l’agenda de leurs vies ?


Les absents n’ont pas toujours tort. Jean Heirle ne travaillait pas ce jour-là, il se portera sauveteur volontaire.

 

 Partout c’est le chaos.

L’orphelin Charlemagne Venant, seize ans, venait de trouver une famille d ‘adoption chez Lucien et Amandine Delvallez. Il va mourir asphyxié à la fosse 4 de Sallaumines.

Son père adoptif, parti le chercher, ne reviendra pas de l’enfer.

 Les cadavres sont dans un état qui défie toute description. La plupart sont nus ; les vêtements ont été brûlés ; les corps carbonisés. A l’un les doigts sont arrachés ; un autre à les yeux sortis des orbites ; un troisième est privé de tête. "On remonte aussi un cheval amputé des quatre pattes, et décapité", rapporte l’envoyé spécial du Matin


 Parfois, pourtant, l’espoir renaît.

Ici, ce sont des coups frappés contre la paroi et laissent envisagé des survivants. Là, c’est Pierre Simon qui parvient, au péril de sa vie, à sauver vingt-sept de ses camarades et qui dit :

- Ils sont morts, seuls les yeux vivent." Ailleurs, c’est un chef porion, Adolphe Grandamme, qui en retire dix-huit autres avant de repartir dans les galeries. On ne le reverra pas.

 Le bilan est épouvantable : mille quatre-vingt-dix-neuf morts.


 Toutes les communes sont touchées. Tous les mineurs sont en deuil. Pourtant, on veut croire encore au miracle. Pour éviter des scènes pénibles, les corps sont maintenant remontés la nuit, à l’insu des familles, identifiés par les uns, déclarés "inconnus" pour les autres.

 Devant l’urgence et le nombre des victimes, des cercueils arrivent de toute la France. Ils forment le 13 mars, lors des obsèques officielles, un interminable cordon mortuaire.

 Et la neige qui s’en mêle et la mine qui brûle toujours. Et des questions sur toutes les lèvres : et s’il restait encore des vivants ? Et si l’on avait abandonné trop tôt les recherches ? Mais le coeur n’y est plus.


 Et pourtant, le 30 mars, l’incroyable arrive. Vingt jours ont passé, les secours ont cessé, l’espoir est mort quand, à 7 h 30 du matin, treize hommes surgissent d’une galerie, hébétés et hirsutes, devant une équipe d’ouvriers occupés à réhabiliter les lieux.

Stupeur.

On les installe avec précaution. Dans les rues, on accourt de toutes parts, les familles déboulent.

Camille-Léonie Busquet, qui a déjà perdu deux fils dans la catastrophe, s’évanouit en voyant le troisième indemne. Sans un mot, comme figée, Nelly Pruvost étreint son mari et son fils, sauvés tous les deux.

 

On pleure, on rit, on dit des banalités.

 "J’ai surtout eu froid." "Je n’ai jamais perdu espoir." "Je n’ai pas pu fermer l’oeil." "Tiens, te voilà toi." d’un frère aîné à son frère cadet. Un mari à sa femme : "Ben qu’est-ce que tu fous toute habillée en deuil ?

 On est submergé par l’émotion.

 Le fond ? Un seul y retournera.

 

Albert Dubois, dix-sept ans, quittera le métier. Le destin, disiez-vous ? Il sera, en 1914, huit ans plus tard, un des premiers soldats français à tomber au champ d’honneur.

  L'horreur encore.


 

Collection "Mamie explore le temps"

Lee Harvey Oswald -  Stavisky - Sarajevo ou la fatalité - Jeanne d'Arc -  Seul pour tuer Hitler -  Leclerc - Sacco et Vanzetti - La nuit des longs couteaux - Jaurès - Landru - Adolf Eichmann - Nobile - Mr et Mme Blériot - Les Rosenberg - Mamie embarque sur le Potemkine -  L'horreur à Courrières - Lindbergh - Mamie au pays des Soviets - Jean Moulin face à son destin - Mamie est dos au mur - L'assassinat du chancelier Dolfuss - L'honneur de Mme Caillaux - Mamie au pays des pieds noirs - La Gestapo française - Auschwitz - Le discours d'un Général - Mamie à Cuba - Le discours d'un Maréchal - Mamie et les poilus  

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Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps
1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 11:29

journal"Un certain jeune homme.

 

 ... il était grand... l'oeil bleu...

Je ne connais pas bien son regard. Celui des derniers jours seulement, épuisé, abandonné, disponible face à la mort, empreint d'une grande douceur. J'ai pu le regarder mourir et regrette de n'avoir pas su le regarder vivre. Il était mon père.

 Il sut choisir sa femme. La rendit-il heureuse ?

Elle était assez indépendante pour se suffire à elle-même et à ses enfants. Artiste dans l'âme, elle nous fit pleinement le don de soi.

 Si je repense à mon enfance, j'ai le souvenir d'une grande solitude et je me revois tel un jouet rangé dans un coin, trop difficile à manipuler et dont on aurait perdu le mode d'emploi.

Mais dans les fins fonds de ma mémoire, tout a commencé par un regard. Je revois ce visage : celui de mon grand-père qui me souriait à travers les barreaux de mon berceau. Je m'y revois, hurlant de peur, seul dans la pièce obscure, avec la crainte d'être oublié. Mais ce vieil homme était venu avec son sourire complice quis avait si bien me consoler et me rassurer.

  A peine trois ou quatre ans, ils sont presque éteints, les trop rares souvenirs de cet âge. Je nous revois pourtant, mon grand-père et moi, faisant les cent pas, ma petite main dans la sienne, à travers le salon et la salle à manger. Il me gardait. Enfin, la dernière fois que je vis mon grand-père, étendu sur son lit, il se sentait mal et m'avait fait demander. Il put seulement, un très court instant, me serrer fort contre lui avant qu'on ne me fît sortir. Le lendemain, je ne distinguais que du noir à travers la porte vitrée de la chambre désormais interdite.


 Nous habitions un grand appartement au quatrième étage d'un bel immeuble en pierre. Avec les beaux jours, à l'occasion de la foire du Trône, je traînais devant le balcon et regardait le spectacle captivant de la construction de tous ces manèges qui retrouvaient, chaque année, leurs mêmes places réservées.

 La grande roue, les auto tamponneuses et l'imposante barque rouge et jaune dont la balançoire irrésistible allait empourprer mes joues. Par bonheur, sa place était juste devant mes fenêtres. Bien sûr, ce n'était pas son seul mouvement qui me transportait à ce point, mais bien les magnifiques créatures pulpeuses qui s'agrippaient au bastingage. Elles poussaient des cris hystériques chaque fois qu'elles étaient élancées vers les hauteurs ou précipitées vers le bas, me permettant de découvrir leurs longues et rondes cuisses roses sous leurs robes printanières qui se soulevaient au vent, laissant même deviner la petite culotte blanche.

 Ces jambes me rendaient fous, c'était mon premier spectacle érotique qui conditionnera peut-être une part de ma libido, car je suis toujours resté très sensible aux jambes féminines. Et à la poitrine aussi. 

 La poitrine, je l'ai découverte un ou deux ans plus tard juste avant de rentrer dans le secondaire. Nous avions comme professeur d'histoire-géo une femme douce et jolie. Si la géo ne m'intéressait pas du tout, peut-être était-ce dû aux reliefs arrondis de mon professeur. J'attendais sa venue avec autant d'impatience  que la balançoire de la foire, car elle avait une façon provocante et bien particulière de se tenir : je n'en croyais pas mes yeux.

 Tout en faisant son cours, les coudes appuyés sur son bureau et les bras croisés sur sa poitrine, elle se caressait négligemment les seins, prenant parfois leur rondeur à pleine main ou les palpant doucement devant nous, avec l'air de ne pas y toucher.

 J'étais hypnotisé par la caresse presque innocente. Mon désir était à son comble et je ne sais ce qui me retenait de me précipiter sur elle, de lui déchirer son corsage et d'écraser mes lèvres sur cette poitrine irrésistible.

 Mais il me restait à découvrir l'essentiel. Etrangement, c'est un rêve qui me le révéla. Un rêve avec une superbe noire, je me précipitait en elle de plus en plus vite, de plus en plus fort, jusqu'à ce dernier instant où, dans une décharge insoupçonnée, la vie pût enfin s'échapper de moi, pour la première fois.

 Je me réveillais avec, sur mes draps, la preuve que je n'avais pas rêvé...


 Si j'étais fier de ces traces de ma virilité nouvelle, je les vivais aussi comme une provocation à l'égard de ma mère qui serait secrètement choquée par leur découverte. Ce matin-là, je ne fis pas mon lit et les draps furent changés, sans commentaire.

 Cette apparition nocturne fut suivie de beaucoup d'autres qui, bientôt, n'eurent plus besoin de mon sommeil pour me rejoindre. Mon imagination les faisait surgir à ma guise. C'était le plaisir à la carte. Toutes y passaient : les amis de ma mère, les copines de ma soeur, des femmes croisées dans la rue, toutes, un jour ou l'autre, à leur insu, allaient offrir leurs images à mes caresses.

 Elles changeaient de forme et de personnalité et, bientôt, pour corser le jeu, je me transformais aussi. Soldat ou prêtre, Peau-Roue ou Buffalo-Bill, je m'inventais des rencontres amoureuses dans des pays lointains. Ma chambre devenait un décor. Le lit, au milieu de la pièce, me servait d'embarcation ou de char d'assaut ; les rideaux, décrochés, prenaient la forme de la tente du chef indien, l'armoire cachait les trésors des Milles et une nuits, la table, recouverte du tapis, faisait office de prison ou de refuge où j'enfermais mes femmes pour les punir ou les protéger.

 Les dimanches et les jeudis quand je n'avais pas classe, ils duraient toute la journée, et se terminaient, enfin, dans les bras d'une esclave enlevée ou reconquise de haute lutte, sous le regard apitoyé de mon père qui avait fait irruption sans prévenir.


 Puis par un après-midi d'été, comme par miracle, ma vie, en un éclair, allait basculer dans l'évidence.

 Alors que l'armée française campait encore dans les parages, j'avais servi de chaperon à ma soeur qui avait osé rejoindre sous sa tente un jeune et beau maréchal des logis. Qu'avaient-ils fait ? "Mais rien... On discutait... me répondit-elle songeuse. Enfin... Il m'a dit qu'avec mon physique je devais être actrice à Hollywood."

 A ces mots, je demeurai muet, stupéfait. Dans ma tête, un nuage noir se déchirait, un frisson parcourut tout mon corps, je regardais ma soeur sans la voir ; j'avais envie d'exploser de joie. Comment n'y avais-je pas pensé ? Acteur ! Voilà ce que je voulais devenir.

 Voilà ce que j'étais !

 Le temps pouvait passer maintenant. J'avais un secret dessein. Bien sûr, il faudrait encore donner le change, faire semblant de grandir, traverser cette adolescence tourmentée, subir ou affronter, sans maquillage, tous ces regards qui, plus tard, ne me reconnaîtraient plus dans mon exil doré de l'art dramatique, sous mes masques.

 

Rideau.

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31 mai 2012 4 31 /05 /mai /2012 17:28

Depeche"Initiales B.B.

 

"Le livre de la vie est le livre suprême

Qu'on ne peut ni fermer, ni rouvrir à son choix ;

On voudrait revenir à la page où l'on aime

Et la page où l'on meurt est déjà sous vos doigts."

Alphonse de Lamartine

 

 Le 28 septembre 1934, Monsieur et Madame Louis Bardot eurent la joie de vous faire part de la naissance de leur fille : Brigitte.

 Il était 13 h 20, j'étais Balance ascendant Sagittaire. 

 

Petite, Maman jouait à la poupée avec moi. Elle et Dada, une jeune femme sortit d'un orphelinat que ma grand-mère maternelle avait ramené d'Italie. A cette époque, mes parents sortaient beaucoup.

 Un soir, dans un bistro, alors qu'ils dînaient avec des amis, arriva une "diseuse de bonne aventure". Elle fit les lignes de la main à chacun et s'attarda sur celles de papa. "Monsieur, votre nom fera le tour du monde, il sera célèbre outre-Atlantique et mondialement connu !"

 Papa, ravi, pensa que les usines Bardot, qui étaient en plein essor, allaient enfin lui faire récolter les fruits du labeur familial ! Ils sabrèrent le champagne en trinquant à al prédiction miraculeuse de cette charmante pythonisse. Personne ne pouvait s'imaginer que ce ne serait pas l'usine mais moi, petite fille inconnue, vouée à un destin tellement extraordinaire, qui confirmerait les "dires" extravagants de cette bohémienne en portant, tout au long de ma vie, ce nom qui ne m'a jamais quittée malgré mes multiples mariages.


 J'étais fascinée par les grandes jupes noires de ma grand-mère, sous-lesquelles elle rangeait ses clefs, son mouchoir, son argent. Elle avait aussi une grosse boîte ronde en fer, dans laquelle elle mettait les bonbons colorés qu'elle nous distribuait le soir si nous avions été sages. Cette boîte ne quittait pas son sac à ouvrage et le sac à ouvrage ne quittait pas mémé. Elle marchait en s'appuyant sur deux cannes et en faisant de tout petits pas. Impossible de jouer avec elle à cache-cache. Dommage, après tout. J'avais quand même droit de lécher les casseroles pleines de chocolat et, suprême récompense, de dresser la table du dîner.

 Une table où je n'avais pas le droit de manger parce que j'étais trop "petite", que la cuisine étai bien suffisante pour les enfants qui font des tâches partout et ne savent pas se tenir à table. Pourtant, moi je savais. Je savais même qu'il faut s'essuyer la bouche avant et après avoir bu, qu'il ne faut jamais parler la bouche pleine, qu'il ne faut du reste pas parler du tout, car les enfants ne parlent pas à table. Oui mais non. J'étais trop petite... Alors je mangeais dans la cuisine avec mes cousins et mes cousines.


 Je me souviens de l'heure du goûter, et quel goûter !

Il y avait du chocolat chaud, du quatre-quarts et des petits beurres avec du miel. Ça sentait bon le gâteau sec, la cire, les fleurs sèches, la tisane, mais aussi un peu le moisi. Une odeur que je n'oublierai jamais.

 On me faisait faire "l'aéroplane" au milieu du salon et des rires des amis. Mais un jour, les amis des parents ne riaient plus lorsqu'ils venaient les voir. Chacun était pendu au poste de T.S.F. et écoutait les informations avec un grand sérieux.

 Nous étions en 1939, à la veille de la déclaration de guerre entre l'Allemagne et la France. Hitler avait envahi la Pologne.

 

 Quelques jours plus tard, les placards étaient bourrés de victuailles. Il y avait même des piles de tablettes de chocolat, mais il était interdit d'y toucher. Je restais le nez en l'air à regarder ces trésors, ne comprenant pas pourquoi j'en étais privée ! Il y avait aussi des pelotes de laine de toutes les couleurs dans une grande malle d'osier, avec de la naphtaline qui me piquait le nez ! Avec les dizaines de paquets de tabac pour la pipe, la maison ressemblait à un magasin dans lequel on n'avait le droit de toucher à rien. C'était les provisions. C'était le paradis.

 "La guerre, la guerre", je n'entendais plus que ce mot-là.

 

La suite prochainement. 

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Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin