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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 18:00

vacances"Vive les vacances.

 

 "Septembre 1936 : premiers congés payés. Pour la première fois de ma vie, je voyais ma mère détendue, souriante, disponible. En congé chez un oncle à la campagne, j'ai pu me promener longuement avec elle. Enfin, on allait pouvoir vivre un peu mieux !"

 

 Cette époque, c'est aussi l'époque où les bals musettes que fréquentent les voyous mais aussi les jeunes ouvriers et ouvrièrent font fureur.

 Des danses comme la valse française ou la valse musette et la java où les partenaires se côtoient de très près (la main de l'homme posée sur le postérieur de sa partenaire pour la java) attirent les jeunes filles des classes populaires comme des bourgeoises qui viennent s'encanailler.

 Francis Carco a même écrit sur les bals organisés le plus souvent dans les arrières salles de boutiques à vin en 34 : "L'odeur de la friture, du vin blanc se mêlait à celle des apéritifs et au relent des femmes en sueur, qui, sans vergogne, s'essuyaient le visage, les paumes, les aisselles apès avoir dansé".

 

 La mode change. La jupe et les cheveux rallongent. La poitrine est à nouveau à l'honneur après avoir été cachée. La femme s'émancipe et manifeste.

 Une preuve ? Celles qui font la dinette à midi (à l'origine de leur nom) se mobilisent aussi pour leurs droits.

 Lulu, bambrocheuse dans le textile et Huguette ouvrière en cartonnerie dans le Nord racontent :

"Des vraies bourriques, ces patrons se croyaient tout permis. C'était la bagne pour cinq sous de l'heure comme apprentie. On allait en espadrilles, sans manteau, comme des esclaves. pas le droit de parler, de chanter, de se déplacer, d'aller au Wc. Les pancartes ont valsé en 36".

 Sur un long mur de briques, dans la banlieue parisienne, de lourdes mains avaient tracé au pinceau, en grosses lettres : Tenir !

 Petite parenthèse : C'est dans les années 30 que se popularise la fameuse "méthode Ogino", du nom d'un gynécologue japonais qui a déterminé la période d'ovulation pendant laquelle l'abstinence est recommandée pour éviter la procréation. Et bien que d'une efficacité contestable - les bébés Ogino" sont légions -, cette méthode offre une meilleure responsabilisation.

 

 La suite ? les ouvriers occupent les usines. Derrière les vitres, rapporte un passant, on aperçoit des employés qui jouent aux cartes, se promènent, lisent ou tendent le poing. Des quêteurs tendent, décorés d'une cocarde rouge, une tirelire aux passants.

 Au Printemps, cent artistes donnent un concert. A la Samaritaine, des grilles de fer sont placées apr précaution devant les vitrines". Les galeries Lafayette organisent un spectacle de Gala pour lequel personne n'a à acquiter un droit d'entrée. Une banderole y proclame : "Ces jours de sacrifices prépareront des années de bonheur".

 Des artistes comme Tino Rossi ou Mistinguett viennent chanter pour les grévistes. Si la lutte est déterminée, elle est aussi joyeuse. Outre les galas, on danse dans les locaux des entreprises occupées.

 Jean-Louis Barrault va dire des poèmes d'Eluard devant les vendeuses grévistes des grands magasins parisiens.

 De son côté, Agnès Capri, qui dispose de son propre cabaret, crée les premières chansons du tandem Prévert-Kosma. C'est elle que l'on voit, poussant une complainte, traverser lentement le film de Carné-Prévert, Drôle de drame.

 Jean Wiener fera connaître au grand public Marianne Oswald qui deviendra vite, comme Agnès Capri, "la chanteuse Front populaire".

 On vit, on espère, on remue, à l'affût de toutes choses : on écoute Pills et Tabet chanter avec entrain "Prends la route, mon p'tit gars" ; on écoute Charpini et Brancato. Le public raffole de ces numéros de duettistes et ainsi débuteront Charles et Johnny.

 Au foyer trône le poste de TSF. Il diffuse, à travers Radio-Paris tour Eiffel, Paris Ptt ou le Poste parisien, d'amples programmes avec concerts, théâtre, lectures littéraires, chronique gastronomique, informations, conseils aux agriculteurs, émissions enfantines et matchs sportifs.

 

 Oui, l'on va vivre, chanter, aimer... "Ma blonde, entends-tu dans la ville..." Ce n'est pas une illusion : comme un printemps se couvre de fleurs, la France va se couvrir de fêtes. Et entrer dans un été. Le plus beau qu'elle ait connu depuis bien longtemps.

 Celui qui nourrit toujours des rêves et des émotions.

"Debout, ma blonde, chantons au vent."

 

  Mamie enfin : "La joie est au rendez-vous. Une joie pure. Une joie qui est partout : on danse, on joue de l'accordéon ; on dispute d'interminables parties de belote ou l'on accueille des représentations théâtrales, des spectacles de variétés. Et le travail, c'est pour quand ?"

 Le travail, à nouveau ?

 On pense au mot si drôle de Jacques Roumain : "Si le travail était une bonne chose, il y a longtemps que les riches l'auraient accaparé."

 Seulement voilà, le pays tout entier s'est mis à remuer intensément. Il est entré dans la fête. Cette bougeotte va le précipiter vers les gares et les trains de congés payés, vers les plages, vers les montagnes.

 Les employés des grands magasins pourront arriver au travail sans chapeau, le tutoiement entre collègues ne sera plus interdit et les vendeuses ne seront pas contraintes de rester debout la journée entière. Des riens ? Ce sont des riens

 Allez donc le dire à ceux et celles qui commencent à savoir que c'est en accumulant des riens, justement, que l'on bâtit un vrai bonheur.

 Et voilà qu'une magie saisonnière, la magie du soleil, des marées, des falaises, des rochers luisants de coquillages passe à d'autres. Ou aller ?

 

 C'est alors la ruée vers les gares, les longues files d'attente aux guichets, la valise sur l'épaule, bobonne à un bras, la amrmaille dans les jambes et tous ces visages hilares aux portières. Partir ! Partir ! Partir ! 

 Qui a dit que partir c'est mourir un peu : là c'est vivre beaucoup.

 L'affluence est telle, et dépasse à ce point les prévisions, qu'il faut ressortir des dépots, dare-dare, de vieux wagons cahotants et qui datent de la mobilisation d'août 1914Mais si on est mobilisé cette fois, ce n'est pas pour aller riquer sa peau quelque part, c'est pour s'y sentir merveilleusement bien, dans cette peau, pour la voir bronzer.

 La suite ? Des ouvrières qui ne sont pas non plus de la toute première jeunesse s'extasient sans fin devant les vagues en répétant à qui mieux mieux, comme dans une blague de chansonnier, qu'ils n'avaient encore jamais vu la mer.

 Et les autres arrivent de partout. Avec les mêmes bagages rebondis sous leurs sangles.

Avec ces mômes qui piaillent, ces ménagères qui préparent le pique-nique sur des torchons à rayures entre des chateaux de sable, ces copains qui viennent saucissonner, tous ces types qui entrent dans l'eau comme dans un espace conquis alors qu'ils n'ont même pas de salles de bain chez eux. les locaux crient : ils vont souiller nos plages ces salopards !

 

 Tout comme il y a le bal du dimanche, il y a le cinema du samedi soir. 

 Trembler de fièvre et d'héroïsme sous le soleil du Sahara, naviguer en pleine mer dans le brouillard et les tempêtes, traverser une jungle à pied ou se perdre d'amour au fond d'un salon pour Edwige Feuillère, tels sont quelques-uns des moments exceptionneles que dispense cette énergie insaisissable lancée sur des rayons vers l'écran lumineux, au dessus des têtes.

 Les appliques se sont éteintes progressivement, la musique d'ambiance a cessé, l'obscurité enfin et soudain le regard rencontre une autre vie.

 La poésie des heures inconnues.

Et Pagnol avec son champ d'oliviers, un coin du Vieux-Port, la musqiue des cigales et l'accent des joueurs de boules, le chapeau de paille sur le front, le pastis, la carafe d'eau fraîche, la blague aux lèvres et la larme à l'oeil, les ombres tutélaires de Mistral ou de Daudet sont ses meilleurs atouts. 

 

 Et le public se rend aux rendez-vous qui lui fixent Raimu, Charpin, Andrex, Delmont, et la tendre Orane Demazis.

 Combien d'adolescents boutonneux n'auront-ils pas soupiré pour la fraîche jeunesse et la grâce boudeuse de la si jolie Danielle Darrieux ; combien n'auront-ils pas été tourmentés par la sensualité gourmande de Ginette Leclerc, les mines aguichantes de Viviane Romance, la fausse ingénuité de Simone Simon...

 Combien n'auront-ils pas voulu capter, une seconde, rien qu'une seconde, la tendre fierté d'Annabella, l'ondoyante plastique de Mila Parely et pourquoi pas les fadeurs sophistiquées d'une Mireille Balin aux battements de cils irréprochables.

 Et Gabin, le brave gars sympathique du Jour se lève qui sera victime d'une fripouille, le mécanicien de La bête humaine qui adore et caresse comme une femme ; il est le typographe de Gueule d'amour qui ne pourra surmonter ni sa nostalgie ni ses malchances ; il est le peintre en bâtiment chômeur de la Belle Equipe qui, ayant gagné à la loterie nationale avec ses copains, construit, toujours en leur compagnie la guinguette "Chez nous", parce que "ça dit bien ce que ça veut dire".

 Un chef d'oeuvre.

Sans oublier Pépé-le-Moko, Quai des brumes, Hôtel du Nord, Fric Frac, La Grande Illusion, la Règle du jeu, La Marseillaise...

 

 Et tous ces noms qui s'étalent en gros caractères sur les affiches : Arletty, Yvonne Printemps, Marguerite Moreno, Georgius, Tino Rossi, Reda Caire, Maurice Chevalier, Lucienne Boyer, Michel Simon, Damia, Fernandel, Victor Boucher, Sacha Guitry, Marianne Oswald...

 

 La un du petit Parisien, les concours hippiques, des courses à chantilly, des crimes passionnels devant des cours d'assises, des causeries à Radio Ptt, valse de Vienne à Radio-Paris, et tous les lecteurs des publicités savent à quoi s'en tenir sur les lithinés du Dr Dustin ou l'Exquis déjeuner Phoscao.

 Le traintrain.

 

 La fin ? Les millions d'hommes et de femmes qui furent les acteurs de ce Front populaire. Et voilà pourquoi il fit jaillir du sol de France tant de fêtes.

 La fête du peuple présent.

Et ce n'est pas un hasard si l'effet 36 continue d'exercer une réelle attraction sur ceux qui le vécurent, comme sur ceux qui l'imaginent. 

 Le contrat que tant de Français passèrent avec le Front populaire n'est pas exclusivement un acte politique : c'est un long rendez-vous d'amour.

Rideau.

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29 avril 2014 2 29 /04 /avril /2014 20:46

63645c78"La mine de père en fils.

 

 On n'échappe pas à sa naissance. Dans la France du Nord, on est mineur de père en fils.

Augustin Viseux, petit-fils de mineur, fils de mineur, sera donc mineur.

 Son enfance suit les heures de la mine : le père, noirci par le travail dans la fosse, le terril, le crassier et le coron avec ses maisons qui sentent la bière, l'oignon frit, l'ail, et les gaufres le dimanche.

 Le foot, le vélo, les orphéons, les fanfares et les bistrots sont les distractions des familles de mineur, auxquelles il faut ajouter les combats de coqs et l'élevage de pigeons.

 Comme beauoup de femmes pauvres du Nord, la mère d'Augustin a le soucis de l'épargne. Habituée à tirer le diable par la queue, elle sait économiser sur tout, jusqu'aux moindres restes ménagers, et raccomoder les vêtements usés jusqu'à la trame.

 

Au moment des agitations sociales qui secouent le pays, Augustin, onze ans, marche à côté de son père et des mineurs, derrière la fanfare municipale de Lens, le poing levé, chantant à tue-tête :

 

Oyez, oyez le défilé

Notre superbe drapeau rouge

Couleur de sang de l'ouvrier

 

 Faire grève, c'est voir fondre les maigres économies et de recourir à la soupe populaire. Quand la mère n'a plus que du pain sec et du café à donner à manger aux enfants, son mari doit reprendre le travail après avoir demandé à Augustin : "T'as donc faim, min loute ?" 

 

 Tous les soirs, Augustin fait ses devoirs, à la lumière de la lampe à acétylène : "Je veux que tu arrives à te faire une situation... Que tu deviennes géomètre ou, qui sait, porion !" lui répéte son père qui le félicite quand il obtient son certificat d'étude en 1921.

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20 avril 2014 7 20 /04 /avril /2014 19:19

CP 002E ILL 002E 0214"Un rossignol chantait. Morceaux choisis :

 

 Tels je les vois, tels je les verrai toujours, tant que ma vie prolongera la leur.

Tous les deux de petites tailles. grand-père, rond de visage et de corps, les cheveux courts ramenés sur son frony bombé, les yeux bleus, une moustache à la gauloise, râblé, costaud, gardera toujours de sa première condition de cocher une assez belle allure.

 Près de lui, comparée à sa prestance, grand-mère, absolument minuscule, eptite souris trottinante, agile, futée, affectait la plus grande serviité vis-à-vis de son mari, comme le voulait l'usage, mais n'en faisait qu'à sa guise.

 On disait, on dira vite d'elle, que c'était une tête, ce qui signifiait qu'intelligente elle "portait la culotte".

A tel point que j'ai toujours entendu mon grand-père l'appeler "le commandant". Peut-être, au début, apr itonie, par jeu mais finalement elle commandait bien la maisonnée, jusqu'à glisser en haut des draps, dans l'armoire, le "bon" bulletin de vote, chargeant son mari, le moment venu, d'aller l'introduire dans l'urne.

 Comme on le voit, puisqu'on lui refusait le droit de vote, elle vautait par procuration. Elle n'était pas la seule.

 

 Ma grand-mère m'a appris à lire avec les fables de La fontaine. Grand-mère m'a tout appris, l'alphabet, le vocabulaire, l'amour de la lecture. Elle ne possédait que quelques livres, tous très gros, reliés en rouge et soigneusement rangés dans l'armoire à linge. Outre les Fables de La fontaine, il y avait l'Histoire des Girondins par M. Alphonse de Lamartine, La Chanson de Roland et Manon Lescaut.

  Dès que j'étais levé, je me précipitasi dans l'escalier.

 Grand-mère avait fait chauffer un bol de Banania, mis à tiédir. les rôties étaient prêtes. Grand-mère me saisissait, me portait à son cou.

 Jusqu'à quel âge me suis-je niché sur le corsage de cette femme ? Elle me promenait dans la cour, me présentait au roid es lapins et à monsieur le coq. Je trépignais d'aise. Jusqu'à quel âge ? Le fait que je m'en souvienne encore, que je me voie m'agripper sur son sein peu rebondi, me donne à penser que je me cachais mon âge afin de prolonger au plus loin ma petite enfance.

 Ma mère arrivait plus tard. elle avait mal dormi, se plaiganit de douleurs d'estomac, de migraine. S'affalait sur une chaise. Me portant toujours à son cou, grand-mère préparait pour sa fille une tasse de chicorée au lait. Pas de café, trop cher, trop bourgeois et qui agaçait les nerfs.

 Les tisanes, dont elles faisaient grand usage, avaient l'avantage de soigner tous les maux etd 'être gratuites. Gratuites parce qu'on les récoltait soi-même et que toutes ces plantes étaient données à qui les voulait, libres de cueillette.

 J'accompagnais les deux femmes dans leurs virées quis e prolongeaient parfois très loin, dans les prairies qui longeaient la rivière.

 Nous n'allions jamais nous promener. Nous aprtions en maraude. En chemin, nous récupérions tout ce qui traînait : bouts de ficelle, vis écrous, pointes et surtout les pièces de monnaie. Grand-mère, qui ne regardait jamais autour d'elle, les yeux fixés au sol, avait le don de découvrir dans la poussière le moindre centime.

 Elle avait aussi en tête une géographie précise de tous les coins où l'on trouvait quelque chose à glaner : le chemin au pourpier, le talus de la bourrache, le fossé à la menthe, le sous-bois aux champignons, le ruisseau au cresson.

 Ce cresson que nous ne mangions pas et avec lequel grand-père e nettoyait les dents.

 Le tilleur était cueilli tout près de la rue des Orfèvres, dans les arbrees odorants de la place des halles. ils offraient des fleurs à foison, d'une odeur entêtante. Les paniers étaient bientôt pleins.

 Ma mère s'abîmait l'estomac avec toutes ces tisanes.

 

 Grand-mère, si fluette, prenait une telle place dans la maison, une telle place dans mon enfance, qu'elle ne reléguait ma mère dans un coin. Quand au grand-père, il était carrément relégué dans sa vigne, dans sa cave et dans son jardin.

 Quand je dis que grand-mère, "le commandant" portait la culotte, c'est façon de aprler.

 Car un jour, je remarquai avec un certain étonnement grand-mère qui se tenait debout, les jambes écartées, immobile, soulevant légèrement ses jupons. Ma mère me poussa du coude et me chuchota à mi-voix, l'air amusé :

- Elle fait pipi debout parce qu'elle n'a pas de culotte.

 J'étais stupéfait. Non parce qu'elle n'avait pas de culotte mais aprce qu'elle pissait comme une vache.

 

 En ce temps-là, les ouvriers partaient au travail en chantant. Beaucoup chantaient en travaillant. Il n'y avait pas d'autres musiques que celle que l'on faisait soi-même, pas d'autre chanson que celle que l'on chantait. Les femmes chantaient en faisant leur ménage, fenêtres ouvertes. Il n'y avait pas que la petite fille qui chantait, mais elle je croyais qu'elle chantait pour moi.

On ne jetait jamais rien. Tout pouvait resservir, adapté à une nouvelle fonction.

 Si bien que tout le monde travaillait. On ne gagnait pas lourd, mais on travaillait. On gagnait son pain. On ne dépendanit de personne. on ne s'attendait pas à ce que le Bon Dieu vous donne la becquée. Le marchand de peaux de lapins vous donnait vingt sous et gagnait sa vie comme ça.

 Il y avait ceux qui allaient couper l'osier dans les prés inondés du marais et ceux qui le tressaient pour en faire des paniers.

 Il y avait ceux qui pêchaient des sangsues dans les rigoles et les vendaient au pharmacien. Il y avait ceux qui poussaient une meule actionnée au pied et repassaient les couteaux. Il y avait le sabotier, le charron, le bourrelier, le tonnelier.

 Il y avait les plumassières, les piégeurs de taupes, les chasseurs de vipères. tant de métiers, de professions, d'occupations, oubliés, si oubliés que l'on va croire que j'invente.

Et la sexualité.

 Ma bonne vieille grand-mère a-t-elle, dès l'âge de treize ans, comme, paraît-il, le voulait la coutume, sorti un après-midi du dimanche avec un grand parapluie sous le bras, parapluie que l'on ouvrait dans un coin de champ, près des buissons d'épineux, pour y recevoir son galant à l'abri des regards.

 La petite Léonie, où vivait-elle à treize ans ? Partait-elle après les vêpres en bande, avec d'autres filles, pour qu'un garçon la tire par son cotillon ? Cotillon pris, la fille sortait de la bande et ouvrait son parapluie. Sous le parapluie, les contacts n'étaient aps anodins, allant des interminables baisers intrabuccaux jusqu'à l'acte sexuel complet.

 Pour les préliminaires, le vêtement paraissait approprié. Aussi longs soient les jupons, aussi nombreux, ils permettaient néanmoins le "fouillage", grâce à la migaillère, ouverture latérale du jupon de la taille "d'une bonne main d'homme", disaient les couturières.

 Quant aux culottes, quand il y en avait, inutile de les enlever puisqu'elles étaient fendues à l'entrejambe.

 Où grand-mère a-t-elle rencontré le père Constant, alors jeune homme ? J'ai beaucoup de difficulté à imaginer leur première rencontre, charnelle et brutale.

 Brutale puisque les coups de poing, les torsions de bras, les pincements aux fesses, faisaient partie de la galanterie des garçons, auxquels les filles répondaient par des gifles et des bourrades.

 Je n'arrive pas à imaginer mes grands-parents se tirant les doigts, pendant des heures, lascicité oubliée, alors si normale. Je n'arrive pas à les imaginer amoureux.

 Et pourtant cette tendresse pour le vieil homme ivre, blessé à la tête... Ce vieil homme assommé, que la femme et la fille portèrent si doucement dans la chambre pour le coucher dans ce grand lit.

 

 Les journées sont si longues lorsque l'on est enfant. Si longues et si douces. La vie n'est qu'un jeu, dont les adultes sont les pions. Les adultes ne le savent pas. Ils se croient les maîtres du jeu. Et les enfants les regardent avec compassion. Les enfants savent qu'ils sont les rois et les reines, qu'ils brassent les cartes à elur façon.

 Ils savent que l'avenir leur appartient.

 Sur le pont du bateau, ils jouent à la marelle, cependant que les adultes rament comme des damnés pour conduire le navire au bord ? Ils se le dissimulent. Ils feignent de partir à la découverte, de s'en aller en voyage.

 Et les enfants s'en fichent. Pour eux, le temps n'existe pas. Ils vivent au jour le jour. Qui m'aurait dit dans mon enfance que grand-mère n'était pas éternelle, je l'aurai jugé de bonne foi.

 D'ailleurs ma grand-mère est éternelle puisque nous la retrouvons ici.


 Les soldats allemands attristaient singulièrement notre petite ville qui, avec eux, perdait de sa bonhomie.

 Grand-mère disait, avec une animosité qui ne lui ressemblait guère :

- Ils nous prennent tout !

Elle qui n'avait rien.

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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 19:08

CP 002E ILL 002E 0214"Un roman de Michel Ragon.

 

 A l'ascension, on savait qu'il était temps de tuer le mouton ; à la Saint Médard on surveillait le ciel puisque s'il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard. Quand arrivait la Sainte-Madeleine, les noix étaient pleines. Quand arrivait la Saint-Michel de grandes foires se tenaient sur le Champ de Mars et les domestiques cherchaient à s'y gager pour un an.

 

 Puis la nature commençait à mourir. A l'approche de l'hiver, une tristesse générale s'abattait sur les gens. La chute des feuilles leur rappelait leurs morts. A la Toussaint, chacun se rendait au cimétière, fleurissant de chrysanthèmes les tombes familiales.

 Heureusement, au coeur de l'hiver, Noël apportait la promesse du printemps. le petit Jésus naissait dans une étable qui ressemblait beaucoup à celle de mes cousins. Chez lui aussi les animaux de la ferme fournissaient le chauffage central.

 La messe de minuit, c'était presque aussi beau que la Fête-Dieu.

 On se rendait à l'église par les rues sombres et froides et l'on pénétrait dans un lieu si étincelant de lumière que l'on en était aveuglé. L'orgue vous assourdissait. Clignant des yeux, les tympans en compote, l'estomac vide, nous attendions le moment solennel où un homme (dont pendant quinze jours au moins on allait parler de la "belle voix" dans toutes les maisonnées) s'avancerait sur une estrade et entonnerait le Minuit chrétien, grand air de notre seul opéra annuel.

 Chaque famille discuterait ensuite du mérite du chanteur de cette année et le comparerait à ceux des Noëls passés. On soupesait les qualités différentes des voix. "Quel registre !" s'exclamait ma mère.

 

 Des fêtes laïques, une seule avait de l'importance : le 14 juillet. L'orchestre militaire donnait un concert dans le kiosque : Ouverture pour harmonie de Mendelssohn-Bartholdy, La fille du Régiment de Donizetti, L'Africaine de Meyerbeer. Celui qui avait entonné Minuit Chrétien, le Noël précédent, chantait La Madelon.

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15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 17:20

9e270c57"Les souvenirs et les regrets aussi...

 

 "Lorsque je les envisage, dans la splendeur de leur vie amoureuse, c'est toujours cette scène qui me revient : Je dois avoir quatre ans. je suis seule avec ma mère dans le salon, nous attendons Montant qui doit rentrer de voyage.

 Brusquement j'entends la ported 'entrée qui se referme avec son bruit mat sous la poussée du groom et je me cache derrière un fauteuil. Montant entre. Il tient quelque chose derrière son dos. Peut-être est-ce un cadeau pour moi ? Je me prépare à sortir de ma cachette pour lui faire la surprise de ma présence mais je n'en ai pas le temps.

 Déjà il enlace ma mère après lui avoir remis une petite mallette en cuir entre les mains. Ils s'embrassent. Et ce baiser dure... dure tant, qu'il dure encore dans ma mémoire aujourd'hui. Et moi je n'ose plus sortir... J'ai peur de déranger.

 Je crois bien que ma vie durant, je me suis sentie prisonnière derrière ce fauteuil, avec, plantée au creux du ventre, cette peur de déranger quelque chose ou quelqu'un.

 Quand il est mort, il ne me restait qu'à entrer dans mes souvenirs...

 La dernière fois que j'ai vu Montant mort, c'était le 13 novembre 1991. Là, las, il ne souriait plus. Avec ce qui se disait parfois dans la pièce à côté, c'était un peu normal. Et puis comme l'a dit notre vieux pote José Artur : "Il fait la tronche parce qu'il sait qu'il va se faire drôlement engueuler par Simone quand il arrivera là-haut !"...

 

 De ma petite enfance il ne me reste que quelques fragments d'images. Une chaise haute bleu ciel, de la gelée de coings, une couverture bois de rose... mon père qui se rase et qui me regarde en réflexion dans le miroir de l'armoire de toilette, un regard qui en dit long sur la solitude d'un homme de quarante-cinq ans en tête à tête avec une toute petite fille.

 Bien peu de choses en vérité.

 C'est comme si la vie n'avait commencé que lorsque Maman est entré dans la vie de Montant, et qu'une vie familiale s'est enfin organisée.

 J'avais trois ans.

 Peut-être est-ce bien ce jour-là justement que j'ai fumé ma première cigarette avec Minette la fille de Pévert.

Là une brave dame passa, qui failli mourir de stupeur.

- Mes petites filles, vous n'avez aps honte ? C'est très mal de fumer à votre âge !

Minette s'est alors tournée vers moi avec un sourire lumineux et, tout en soufflant négligemment la fumée de sa cigarette, elle a répliqué de sa voix légèrement traînante, et avec une parfaite évidence :

- On est pas des filles, on est des naines !

 Elle avait déjà l'esprit de son père.

 Jacques, je l'aimais. il abordait les enfants avec une curiosité éblouie. Il nous faisait rire, nous racontait des histoires et tentait de nous effrayer en imitant le gorille.

 Il me fascinait. J'ai mis des années à comprendre pourquoi j'aimais porter une chaîne d'or à la cheville quand j'ai vu sur une photo qu'il avait, autour de l'une de ses chevilles, la fine chaîne en or qui avait impressionné la chaîne d'or de mes souvenirs... 

 

 Imaginez : les années cinquante-soixante, pas vraiment de voitures, des arbres plutôt. Des marroniers et des marrons, beaucoup de amrrons par terre à la saison. Je vais à l'école communale de jeunes filles rue du Jardinet. J'y vais à pied, accompagnée d'abord, mais jamais par ma mère, puis seule un jour, mais pas sans que Montand me suive à mon insu, en robe de chambre écossaise et en mules de cuir noir, les seules pantoufles que je lui ai jamais connues

 Il me suit en rasant les murs et en s'embusquant sous les porches des immeubles jusqu'au bout de la place Dauphine, pour être sûr que je fais attention en traversant la rue.

 Arrivé devant chez Mlle Danloup, la libraire, il rebrousse chemin.

 C'est là que s'arrête sa filature.

 "Et voilà, elle est partie dans la vie !"

 C'est comme ça qu'il résume la situation à Maman qui voudrait sans doute en savoir aussi davantage sur l'effet produit par une sortie matinale sur la place Dauphine dans cette tenue.

 Mais lui n'a vu qu'une chose : partir seule en classe ce amtin-là, c'est le commencement de toute une vie.

 

La suite prochainement.

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13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 12:37

alcxd59b"L'ardoise et la craie. Morceaux choisis :

 

 Des images me sont proches :  l’allégorie de la Marseillaise ou cette carte en bandes horizontales : en bas, zone tropicale, au milieu, zone tempérée, en haut, zone glacière. On éprouvait la jouissance d’appartenir au jardin du monde, la zone tempérée, par rapport à tous ces tigres qui nous menaçaient en bas et ces ours blancs en haut.

 Bien entendu, la France était l’objet d’une litanie avec ses préfectures, ses sous-préfectures, ses départements. Nous devions nous débrouiller devant la carte muette. Il fallait repérer les affluents de la Garonne, aller en chemin de fer, ou par canaux.

 Le livre de chevet était le Tour de France par deux enfants. 

 C’était une école de la vertu.

 Qu’a-t-elle apporté de plus à mon enfance ?

 

 Je me souviens très bien avoir vu des canants où des soldats avaient vécu. La guerre que nous avions connu que dans les jeux guerriers de notre enfance ou dans une collection Larousse qui s’appelait Les petits livres roses où l’on racontait l’héroïsme es poilus, cette guerre-là, tout d’un coup, on en voyait la tragédie et non plus la gloire.

 La classe se divisait en trois clans : le clan des pensionnaires, celui des externes qui appartenaient à une vie encore familiale, et le clan des demi-pensionnaires qui déjeunaient au lycée et acceptaient de faire les commissions des internes, en ville, de rapporter des numéros de l’Epatant ou de l’Intrépide.

 Nous étions des lycéens pauvres mais avec dix sous, cinq sous, on pouvait se permettre e les dépenser. A ce moment-là paraissait une suite, L’aviateur de Bonaparte, qui mélangeait la science-fiction et l’histoire et qui me passionnait.

 Elle écoute mes poèmes et s’attendrit sur moi. Elle doit avoir vingt-cinq ans et je deviens très amoureux d’elle. Très élégante, elle emploie des parfums pour moi inédits, comme Nuit de Chine…

 Le lieu de vacances devient romanesque. Je reverrai al jeune femme en Novembre à paris, mais ces grandes vacances, qui marquent l’apogée de mon adolescence, seront à jamais finies, si elles durent toujours dans mon souvenir…

 

 1935.

 La guerre d’Ethiopie en 35 n’avait pas tiré assez fort le signal d’alarme. Le Négus, avec sa grosse soutane qui lui donnait des airs de l’abbé Pierre, sa barbe triste et ses pieds nus, déclenchait des publicités du genre : "Négus, allez chez André !" Il s’agissait des chaussures André, bien sûr.

 Beaucoup de Français avait tendance à tourner le sérieux en dérision.

 

 Mussolini nous apparaissait comme un César ridicule, correspondant à une certaine image que l’on pouvait se faire de l’Italie. Hitler, c’était le caporal dont on se moquait. La notion de danger nous échappait encore, nous ne croyons pas à l’avenir d’Hitler.

 Ensuite, c’est la grande aventure du Front populaire, avec les drapeaux rouges, les ouvriers perchés sur les toits des usines qui remontent, à l’aide d’une corde, les paniers de victuailles que leur apportent les femmes. Et les occupations sur le tas, la grève de la blanchisserie de Grenelle, par exemple !

 Le gouvernement Blum institue les congés payés. j’assiste en tant que journaliste aux premiers départs. C’est le temps de : "Une fleur au chapeau, à la bouche une chanson… "

 

 Mais les menaces pèsent : la poussée du chômage, la guerre d’Espagne …

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13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 12:17

84173966_o.jpg"Les petits cailloux. Morceaux choisis :

 

 Le dimanche, méconnaissables dans leurs vêtements propres, ils allaient au village faire les provisions de la semaine et boire quelques verres au café.

 Pour certains, ces sorties étaient l’occasion d’essayer de trouver une fiancée, mais il arrivait souvent que, sur leur passage, les mères intiment à leurs filles de regagner le giron familial. "C’est des Espagnols, rentre tout de suite, ou sinon…!"

 Les soirs de bal, en revanche leur chance devenait plus certaine. Avec la complicité de la nuit, dans les recoins sombres et, curieusement, près de l’église, comme pour y chercher une bénédiction, nos expatriés finissaient par trouver une amoureuse éperdue ou une experte inconditionnelle du tempérament andalou. La barrière de la langue abolie, les cops parlaient d’eux-mêmes.

 Les désirs longtemps contenus sont peu amis de la prudence et certains, avant de partir, ont semé la vie et ne l’ont jais su.

 Je n’avais pas six ans lorsqu’en octobre j’entrai au cours préparatoire à l’école  communale de Millas. J’étais petit pour mon âge, mais les autres me paraissaient si grands !

 Je fus tiré de ma solitude par le coup de sifflet strident du directeur et l’appel commença. "Georges Lopez, viens ici !"

 Je venais de faire connaissance avec l’ordre social. j’étais Georges ou Jojo pour la famille et, ici, je devenais Georges Lopez. Les mains dans les poches, en traînant un peu les pieds je rejoignis les rangs.

 J’embrassai d’un coup d’oeil ce lieu où ma vie d’enfant entrait dans le savoir et la vie communautaire. Un tableau noir sur un chevalet, le bureau imposant de la maîtresse sur une estrade, les pupitres avec leurs encriers de porcelaine blanche, deux grandes armoires mystérieuses et l’inévitable poêle Godin meublaient l’endroit.

 Aux murs de grandes images bucoliques, un alphabet, un tableau de nombres et les quatre saisons qui me permirent de rêver souvent atténuaient  quelque peu l’austérité de cette classe où régnaient les odeurs d’encre violette etc e craie dont beaucoup se souvienne encore.

 Deux par deux, les filles d’un côté, les garçons de l’autre, les petites devant, les grands derrière, chacun avait déjà trouvé une place et moi, j’étais encore là, dans l’embrasure de la porte, paniqué, pleurant à chaudes larmes en constatant qu’il n’y avait pas de place pour moi.

 La lecture me passionnait. J’appris à lire avant d’aller à l’école en déchiffrant les mots sur le paquet de café "Biec", sur le kilos de sucre "Saint-Louis", sur la tablette de chocolat "Cantaloup Catala" sans oublier l’almanach des postes.

 La méthode Boscher intitulée aussi la journée des tout-petits peut paraître aujourd’hui bien désuète à certains mais elle a permis à des générations d’apprendre à lire.

 Dans la classe, il y avait les enfants du notaire, du médecin, du pharmacien, ceux des gendarmes, du comptable etc... Des instituteurs mêlés aux fils de commerçants, d’artisans et d’ouvriers.

 Dans la classe, les filles occupaient deux rangées, les garçons deux autres. la dernière était réservée aux gitans.

 J’entends encore crier ce mot : "Espanyolas !" insulte majeure chargées de mépris qui m’a poursuivi dans ma scolarité primaire, en dépit des leçons de morale qu’on nous dispensait.

 

"Sage et discipliné". Cette appréciation trôna longtemps sur mes cahiers de compositions devenus plus tard cahiers mensuels, cahiers de contrôle et enfin cahiers d’évaluation. cependant, je n’étais pas une lumière, comme on disait alors.

 Je dépensais mes maigres économies comme beaucoup e mes camarades à la boulangerie du village. rouleaux de réglisse, biberonnes, Mistral gagnant et Coco Boer.

 

 Le défi du "zéro faute" m’obsédait à chaque dictée, craignant de me faire piéger par une exception à la règle. "Les mots commençant par "ap" prennent deux "p" sauf : apaiser, apercevoir, apéritif, apiculteur, apitoyer, apeurer, aplanir, apogée, apothéose, apostrophe et apoplexie."

 

Premier amour.

 De grands yeux doux et vifs, presque noirs, un sourire qui découvrait de belles dents blanches bien apparentes que ses lèvres s’acharnaient à recouvrir et deux fossettes bien visibles lui donnaient un perpétuel air enjoué.

 De nos jours, j’aurais pu lors d’une activité commune, ou dans la cour de récréation, m’approcher d’elle et malgré ma timidité oser, au moins, lui dire que je la trouvais belle. Mais à cette époque, nos pupitres restaient dans un ordre immuable des premiers jours d’octobre aux premiers de juillet, et les filles de notre classe allaient jouer dans la cour entourée de hauts murs qui leur était réservée.

 Pendant les leçons, en évitant d’attirer l’attention de la maîtresse, je m’accordais de temps à autre un regard furtif vers celle qui faisait battre mon coeur d’un amour unilatéral et sans lendemain.

 Le moment des devoirs pendant lesquels notre bonne institutrice corrigeait des cahiers était propice à l’envoi de petits mots griffonnée à la hâte et certains, dans la précipitation, écrivaient si mal que la réponse était souvent : "J’ai rien compris !"

 Nous rentrions heureux de nos classes-promenades qui n’étaient que promenades récompenses. Combiend e fois l’avons-nous entendu ! "Si tout le monde travaille bien, nous sortirons samedi après-midi."

 Sur le chemin du retour, nous entonnions les chansons apprises en classe et, de "gentil coquelicot" à "Colchiques dans les prés" en passant par le sempiternel "Il était un petit navire", nous épuisons notre répertoire en évitant soigneusement "La Marseillaise".

 Nous finissions de chanter "A la claire fontaine" quand le coup de sifflet strident du directeur nous délivra.

 

 Le loto du village.

La foule s’indignait quand un joueur, un récidiviste, gagnait pour la deuxième ou troisième fois et conspuait le crieur avec un "Remena !", "Remue !" quand il ne brassait pas assez souvent les petits cylindres dans le chaudron. 

 Avec "Il est tout seul !", on marquait le 1, et avec "Comme papa", le 2 ; "En champagne !", le 3. Le 4 s’annonçait avec "L’homme fort !". La queue est en haut !" indiquait fièrement le 6. "Elle est en bas ", le 9. Et puis encore : "Thérèse !"

 Et la salle répondait en coeur : "Ma soeur !" Inutile alors de traduire. J’aurais cependant aimé que l’on m’explique "Cap i cul !", que l’on pourrait traduire par « tête à queue », lorsque je marquai ce 69 qui faisait pouffer de rire toute l’assistance.

 La soirée se terminait toujours par une partie à "carton plein" : l’heureux gagnant repartait avec une dizaine de jambons ou un  cochon.

 

 Février était souvent le mois de la visite médicale tant redoutée de certains.

 Trente-huit kilos, cent cinq cm, oeil droit, oeil gauche, vaccination puis il fallait uriner dans un verre… "Respire, tousse, souffle."

 

 Les derniers jours de classe s’étiraient sous la canicule de juillet. Les livres rendus, les cartables soudainement aplatis et inutiles restaient à la maison. Dans la cour les pupitres prenaient l’air et aussi l’eau de javel. Avec ardeur, nous frottions les tâches d’encre violette afin de redonner au bois un air de jeunesse avant la nouvelle rentrée.

 Les chewing-gums collés depuis des mois dans les recoins les plus inaccessibles résistaient.

 Armée d’un canif, la maîtresse les décollait mais elle restait impuissante devant les initiales gravées à la pointe des compas au fil des heures d’ennui de ceux que le travail scolaire intéressait peu, mais qui révélaient ainsi un certain talent artistique.

 On retrouvait souvent sur ce bois de chêne les mêmes coeurs que sur les majestueux platanes de la cour où l’amour s’amplifiait au fil des ans et bien après que ces passions éphémères s’étaient dissoutes dans le temps.

 Nettoyée, rangée, la classe replongeait dans le silence en attendant l’octobre suivant.

 Derniers jours du temps heureux de l’école communale. Derniers jours passés à jouer sous l’ombre protectrice des grands arbres, entre la fontaine et le sautoir. Avant goût des grandes vacances.

 Le jeu le plus courant à cette époque de l’année était lié à la cueillette des abricots. C’était le "Biribi chinois".

 Chaque jour voyait diminuer le nombre d’élèves dans la cour. Les grands qui avaient passé les épreuves du certif ne venaient plus, les enfants d’agriculteurs s’attelaient déjà à la cueillette des fruits avec leurs parents ; quant aux gitans, ils s’étaient éclipsés depuis longtemps. Plus de cris, plus d’agitation, plus de bagarres. Nos déplacements devenaient de plus en lus erratiques et indolents.

 Nous entrions dans la torpeur de l’été.

 La maîtresse en nous disant au revoir nous fit les recommandations d’usage : "Soyez bien sages, écoutez bien les leçons, soyez polis avec vos professeurs et avec tout le monde, pensez à votre avenir !"

 Ses beaux yeux bleus se noyèrent de larmes en nous embrassant l’un après l’autre. Après la classe, nous lui rendîmes visite pour lui apporter un cadeau : c’était la coutume lorsque les élèves quittaient l’école avant l’entrée en sixième. Nos mères s’étaient consultées pour lui offrir un couvre-lit en satin.

 En partant en vacances, nous pensions déjà aux courses folles dans la garrigue, à la baignade et à nos jeux plus ou moins dangereux. Nous chantions alors à tue-tête les chansons les plus grivoises que nous connaissions :

 "Jeanneton prend sa faucille. 

Larirette, Larirette.

Jeanneton prend sa faucille

Et s’en va couper des joncs…"

 

 Les filles, les mains jointes sur leur bouche, riaient déjà pour le baiser sur le menton que donnait le premier de ces lurons. devant les méfaits du deuxième, elles emprisonnaient leur robe dans leurs mains à cause de ce jupon qu’elles-mêmes ne portaient pas est e serraient les unes contre les autres à cause de ce maudit gazon sur lequel le troisième faisait échouer la malheureuse Jeanneton.

 Et, même si la chanson ne dit pas ce que fit le quatrième larron, mes cousines se bouchaient les oreilles et aussitôt nous montrant du doigt criaient "Les hommes sont des cochons !".

 C’était la morale de cette histoire.

 Ensuite, pour nous rendre plus intéressants nous entonnions : 

 

"Je connaissais un moine

Un moine capucin

Qui confessait les nonnes

Au fond de son jardin…"

 

 Le refrain parle de colle et de petits pois mais comment faire le lien avec ce qui ne faisait pas encore partie de notre expérience !

 

"Il dit à la plus bonne

Tu reviendras demain…"

 

 Et là, on entend parler d’un cierge qui par on ne sait quel mystère conduit la pauvre nonne jusqu’à la maternité. Mystère de la conception qui voit naître à la fin de la chanson un petit capucin aux attributs virils tricolores, franchouillards.

 Dès le matin, ma grand-mère errait ses cheveux gris coiffés en chignon dans un grand mouchoir carré qu’elle nouait derrière son cou. Son visage reflétait la générosité et, comme elle était peu bavarde, ses grands yeux parlaient pour elle. Son seul luxe était cette paire de boucles d’oreilles en or que son époux lui offrit un jour pour la remercier, encore une fois, de lui avoir donné trois beaux enfants.

 En ouvrant les volets, à l’heure où elle commençait à faire les chambres, jetant draps, couvertures, édredons, oreillers et traversins sur le rebord de la fenêtre pour les aérer, elle chantait de sa voix délicieusement grave l’unique chanson de son répertoire : "Fascination".

"Je t’ai rencontrée simplement

Et tu n’as rien fait

Pour chercher à me plaire.

Je t’aimais pourtant

D’un amour ardent…"

 

 Je me souviens que lorsque la totalité des mes réponses atteignaient zéro, j’avais un point pour la présentation. Maigre consolation, certes, mais préférable aux "moins un, moins deux ou moins trois" …

 

 J’étais timide et c’est au bal de la Saint-Jean qui avait lieu sur la place de l’Union que ma réserve fut mise à l’épreuve pour la première fois. 

 Sur la piste, les danseurs virevoltaient déjà et s’en donnaient à coeur joie. Sur un air de valse, certains tournoyaient déjà en riant à gorge déployée.

 D’autres, très sûrs d’eux, sérieux, presque académiques, s’appliquaient comme dans un concours de danse de salon.

 Quelques femmes entraînées par leur bon cavalier se laissaient aller à l’ivresse, les yeux fermés, la tête rejetée en arrière.

 Autour d’eux, des chaises pliantes les spectateurs faisaient cercle en plusieurs rangées.

 L’envie de danser me démangeait et pourtant je restais en retrait alors que mon copain me harcelait à coups de : "Vas-y, vas-y !"

 Je lorgnais désespérément vers le groupe de filles qui attendaient sagement qu’on vienne les inviter. Christine regarda dans ma direction. Je fis d’abord semblant de ne pas la voir. Je la trouvais belle mais de là à faire le premier pas !

 C’est elle qui le fit et j’appris, à la fin de la soirée, que Jean, par signes, lui avait fait comprendre que je souhaitais danser avec elle. Nous arrivâmes sur la piste au moment où la série de valses s’arrêtait et ce fut sur un slow que j’enlaçai ma cavalière. Je me sentais un peu gauche. Il me semblait que tous me regardaient.

 Ma main transpirait dans celle de Christine. J’osais enfin la regarder et dès cet instant ma timidité commença à se lézarder. je m’enhardis même à resserrer un peu mon étreinte et nous eûmes du mal à nous séparer à la fin de la danse.

 

 Dès que la chaleur alourdissait juillet, nous partions au bord de la rivière. La douceur peuplait ces après-midis passés à lézarder au soleil entre deux plongeons du batardeau. Jean me racontait La rivière sans retour avec Marylin Monroe ou fredonnait "Tu parles trop" la dernière chanson de Frankie Jordan.

 Aussi volatiles et légères qu’un parfum, impalpables comme la douceur de l’air, soyeuses comme un beau roman, certaines sensations restent liées et accrochées dans le souvenir, définitivement associées à un lieu, à une saison, à une personne.

 Où commence l’amitié ? Celle qui me lia à Gérard commença par un regard, au moment où je cherchais une place dans la salle de cours immense sur le quai de la Basse.

 En parlant de cinéma et de chansons, Gérard et moi découvrîmes que nous avions une passion commun pour Françoise Hardy, figure mythique de notre génération yéyé.

 Nous connaissions ses chansons par coeur, de "Tous les garçons et filles" en passant par "L’amitié", "Mon amie la rose" et "Dans le monde entier".

 Des Salut les copains s’échangeaient furtivement dès l’arrivée en cours et le plus souvent je ne pouvais attendre l’interclasse pour feuilleter sur mes genoux la revue que je venais de troquer. Gérard faisait le guet : le moment le plus dangereux était bien celui où je découvrais une nouvelle photo de la divine car mes yeux n’arrivaient pas à se détacher de cette image de papier glacé et de ce beau visage qui peuplait mes rêves.

 Aujourd’hui, je vibre toujours autant à ce timbre de voix si particulier qui rend le moindre mot confidentiel.

 La première fois, nous les "petits secondes", les nouveaux, habitués aux récréations et aux interclasses calmes, fûmes surpris par le bram.

 

La colo.

 La fête d’adieu eut lieu le dernier soir.

 La nostalgie commençait déjà à pointer son visage affligé. Avant de se séparer, il fallait faire la fête ! Les monitrices vinrent nous rejoindre dans notre dortoir après l’heure de la toilette et du coucher. Yves, le moniteur des plus grands, décida de faire un sort anticipé à la bouteille de Martini qu’il avait rapportée d’Espagne. Pas de chansons à boire, pas de "et flou et flou, il est des nôtres » mais puérils comme au temps de nos courses avec nos petits à travers les collines et les prés, nous chantions plutôt :

 

"Colchiques dans les prés

Fleurissent, fleurissent

Colchiques dans les prés

C’est la fin de l’été.

 

 A la radio, Johnny et Sylvie chantaient en duo :

 J’ai un problème, je sens bien que je t’aime

J’ai un problème, c’est que je t’aime aussi.

 

 Cette chanson n’avait d’écho que pour Béa et moi qui étions délicieux par ce délicieux et terrible problème. Ni elle ni moi n’étions libres d’être l’un à l’autre. Balayé par notre passion naissante, l’amour tirait irrémédiablement sa révérence dans nos couples respectifs. Rien ne serait plus comme avant pour nous deux.

 Et que de doux regards imprudemment échangés d’un bord à l’autre de la table ! Quelle soif de vouloir être ensemble !

 Mais nous n’étions jamais seuls et nous nous sentions prisonniers au milieux des autres.

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 23:50
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Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin