"L'histoire commence devant un magasin de disques à Marseille,
Tino voit une pancarte "Pour 100 sous, faites enregistrer votre voix." Il grave deux chansons, les confie à papa Rossi : "Tu les ramènera à mamma" dit Tino. Mais la légende est là, qui attend, sous la forme du représentant de la firme Parlophone. Celui-ci se tourne vers le jeune corse : "ça vous plairait d'enregistrer pour nous?" "Quelle question !"
Le destin est en marche...
C'est la gloire immédiate, via la TSF. L'argent se met à pleuvoir. Les femmes deviennent folles. On arrache les boutons de sa veste, des filles se couchent devant sa voiture, il trouve des beautés nues dans son lit. Difficile de résister, d'ailleurs Tino ne résiste pas, il l'avoue avec candeur, depuis toujours il savait. Autrefois, à Ajaccio, devant ses copains, il se tapotait la gorge en disant : "il y a des millions qui dorment là..."
Le grand amour de sa vie transforme cette existence exemplaire en tourbillon : Tino rencontre Mireille Balin, elle est d'une beauté ravageuse et tourne toutes les têtes. Un milliardaire s'est suicidé pour elle, dit-on, et un ministre est devenu moine. Elle est la damnation de Tino : ils se battent, cassent les assiettes, font des scènes en public, se réconcilient. Elle est d'une jalousie insensée, inspecte ses valises, ses poches... avant de se séparer en 41. Mireille Balin sera violée à la libération par des résistants, puis mourra oubliée, alcoolique, déchue.
Après guerre, le miracle continue, les mélodies de Vincent Scotto plaisent, la simplicité de l'artiste fait taire tous les reproches. Marcel Achard vole à la rescousse : "On ne discute pas d'une étoile, elle brille, c'est tout."
Quelques mois avant sa mort, il confie à un journaliste le secret de son succès : "J'ai une voix très longue. A l'époque, elle couvrait trois octaves. Mais vous savez la puissance ne veut rien dire. Il y a le gros écu et le petit louis d'or qui vaut deux fois plus cher."
Reste une question lancinante : que signifie ce Tchi-tchi qui scie les nerfs ? C'est simple : "Je ne pouvais pas dire pouet-pouet..."