"Launaguet.
Launaguet est un joli patelin situé à vingt minutes de Toulouse (en roulant bien).
Une seule représentation, l'occasion de souhaiter la bonne année aux résidents, de revisiter la vie d'autrefois, de se raconter des histoires de ferronniers ou de gardes champêtres, de se souvenir du tambour qui annonçait les nouvelles dans la rue.
Sans oublier les ricochets dans l'eau, l'odeur d'amande du pot de colle, la craie dans l'encrier, la plume sergent-major, le cartable neuf, le dancing du 14 juillet, la fanfare, les bateaux en allumettes, les vélos de femme, le raisin fondé aux pieds, la batteuse, les communions, les mariages... et de rencontrer André Theuriet.
Nous y sommes.
André Theuriet - qu'on ne présente plus -, est l’artiste de la maison. Artiste lyrique, aime-t-il à préciser. Il joua dans Faust où il interpréta le Diable à Mont-de-Marsan en matinée scolaire, avant d'enchaîner dans Tosca de Pucini qu’il joua trois saisons de suite à la maison de la culture de Ramonville.
C’est là qu’il rencontra Irenne la douce qui devint sa maîtresse en janvier 1934 et comme il se l’avoua huit mois plus tard : "Dans la longue et quasi interminable série de conneries que j’ai effectuées dans ma déjà longue carrière, elle est de loin, et même de très loin, la plus gigantesque, et lorsque j’emploie le mot gigantesque, je pèse mes mots."
Jugez plutôt : Au cours d’une de leurs (nombreuses) disputes, il eut le malheur d’employer le terme, peu usité d’ailleurs, de nympho. Elle tenta le soir même de le poignarder non pas avec une arme de théâtre à lame rentrante, mais avec un authentique couteau de boucher emprunté à la boucherie de la rue Maréchal-Foch dont le patron Gérard Nohlier était devenu son amant.
La suite appartient aux faits divers.
Quoi qu'il en soit, André Theuriet a déclaré avoir passé une belle après-midi et a même avoué avoir ressenti une émotion certaine sur la chanson des blés d'or. Une chanson qui - de son propre aveu - a réveillé en lui le doux souvenir d'une nuit coquine passée avec Irenne la douce le 1er juillet 1934 à Cagnac-Les-Mines chez des amis communs.
Renseignement pris, c'est cette même nuit et pratiquement au même moment que survint à des milliers de km, l'évènement qui allait changer la face du monde et marquer l'acte fondateur de la folie Hitlérienne. Un évènement qui allait être baptisé dans la foulée comme "opération colibri" mais qui rentrera dans l'histoire comme étant la nuit des longs couteaux ...
Rideau.