"Une honte !
Dans sa vie, ma Mamie en a entendu des vertes et des pas mûres. Petite piqure de rappel :
Gamine, elle a été traitée par les avortons du quartier de couillonne de la lune, de bécasse et de careuse. Excusez du peu.
Sa première réaction a été de lancer - à la hussarde - que "C'est celui qui dit qui est". Sans résultat.
Sur le moment en tout cas.
Sa deuxième réaction ? Elle est rentrée à la maison - en maugréant - pour préparer une liste afin de parer les coups.
Cette liste, je l'ai sous les yeux. On lit :
"La prochaine fois qu'un abrutit m'insulte, lui rétorquer - du tac au tac - que c'est un : peigne-cul, pigeon, pue du bec, moule à gaufre, morpion, kéké, baltringue, bourricot, nabot, nigaud, âne, bouffon et pignouf.
Adolescente, un péquenaud a eu le toupet de traiter ma Mamie - devant ses amies ! - de gourde. Rien de bien méchant mais quand même.
Elle n'a pas trouvé la parade. Aucune riposte à balancer à ce grand dadais.
Du coup, elle a rajouté à la liste : blaireau, salopiaud, vieux schnock, scélérat, bande-mou, casse-pieds, charogne, chien-gâleux, chenapan, crevure, écervelé, empaffé, enflure et couille-molle. Histoire de voir venir.
A l'âge adulte, un sac à gnole l'a traité - sans raison apparente - de gouberlu. L'insulte peut surprendre. C'est ni plus, ni moins que la contraction de deux jurons qui ne laissent pas de place au doute : gougnafier et hurluberlu.
Ni une, ni deux, elle a rajouté à sa liste : fugol (contraction de fumier et de gogol), malodin (contraction de malotru et de gredin), paratèque (contraction de parasite et d'aztèque) et - au cas ou - de rafifou (qu'on pourrait traduire par un mélange de raclure de chiotte, de fini à l'urine et de fouille merde).
Par précaution, elle a ensuite ajouté les jurons de l'ancien temps au cas où un vieillard viendrait lui chercher des poux sur la tête. On est jamais trop prudent, après tout.
Dans cette liste, on lit : olibrius, ostrogoth, polisson, scélérat, Marie-tâte-zinc, abougri, cocotte en sucre, avaleur de charrettes ferrées, savon à culotte, accapareur de merde d'abeille, va nu pieds et j'en passe évidemment.
A la retraite, un tordu l'a même traité de vieille bique. Avant d'ajouter dans un murmure que ma Mamie n'était qu'une vieille mécréante. Devant cette insulte - suprême -, elle est restée stoïque. Elle n'a même pas jeté un coup d'oeil à la liste pour trouver la riposte à l'insulte de ce trou du cul alors qu'elle aurait pu le passer à la moulinette.
La sagesse, sans doute.
En revanche, elle a perdu son sang-froid devant une personne mal intentionnée qui profite de la cupidité des personnes âgées. Son nom ? Chabal. Caroline Chabal, à ne pas confondre avec Sébastien qui est - avec Michel Drucker - le chouchou de ma Mamie.
Là, las, ma Mamie a craqué et a lancé à cette peste cette phrase lapidaire :
- Si tu continues à faire la maligne cocotte, je vais te Zlataner !
Et toc !