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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 17:24

Beaulieu.jpg"Beaulieu-sur-Mer.

 

 Après Villefranche-sur-Mer, nous avons enchaîné à Beaulieu-sur-mer. C'est à deux kilomètres à vol d'oiseau.

 La porte à côté, en somme.

  Sitôt arrivé sur la place du village, à peine installé à la terrasse d'un café que Paule - arrivée la veille - a commencé à faire des siennes :

- J'avais demandé de la pistache.

  Le garçon bat des paupières. On ne la fait pas à une nana, si elle a demandé de la pistache, ne tentez pas de lui apporter des fruits de la passion, vous joueriez votre vie. 

  Conseil d'ami. 

 Ce brave homme en veste blanche ne sait pas ce qu'il risque, en tout cas, il a compris qu'il n'y avait pas à discuter. Il reprend la coupe et j'ai un instant l'impression qu'elle pèse une centaine de kilos. 

- Excusez-moi.

  Je m'étire sur ma chaise longue. Finalement, c'est une bonne idée cette tournée, on voit du pays et il règne en ces rivages un grand parfum de vie facile et baguenaudante...

  Sur la promenade, des dames un peu nues baladent des toutous tondus. Il commence à faire bon. Il ne pleut plus. 

 - C'est encore moi. Il n'y a plus de pistache.

 J'entrouvre un oeil et regarde Paule. J'espère qu'elle ne va pas sortir un colt de son sac à main. Sa voix est étonnamment mielleuse : un filet de sucre ondoyant en couleuvre dans de la crème anglaise :

- Pourtant, sur votre carte si joliment dessinée, je vois bien écrit : Coupe Riviera - Chantilly, amandes, café, vanille et pistache. J'insiste sur le "et pistache".

  Le garçon ancre ses espadrilles dans le goudron mou, il doit sentir qu'il en a pour un bout de temps. En tout cas, il sait déjà qu'il n'est pas sorti de l'auberge.

 - Voui, c'est marqué mais il n'y en a plus !

 Geste désespéré des bras. La sémaphore de la désolation.

- On n'a pas été réapprovisionnés cette nuit, c'est pour ça.

 - Ah, ah ! fait Paule.

Je connais cette façon de faire : "Ah ah", elle a dû glacer le sang à plus d'un téméraire. Le type a nettement chancelé. C'est visible.

- Vous êtes le plus grand glacier du coin et vous n'êtes aps foutu de servir de la pistache ? Appelez-moi un responsable.

 Je me recroqueville. Une fois, elle devait avoir dix-sept ans, elle a fait reporter trois fois de la pizza en cuisine parce que, d'abord elle n'était pas cuite, ensuite il manquait les anchois et enfin elle n'était pas bonne.

 J'avais tenté de faire croire que je n'étais pas avec elle, ce qui est difficile lorsqu'on occupe la même table.

 Ni une, ni deux, je décide - sur le champ donc - d'intervenir.

 Aussi, je tente le tout pour le tout.

 Cartes sur table.

 All in !

- Tu ne crois pas que tu pourrais...

 Onomatopée. Elle ne desserre pas les dents et produit un bruit de clapet, quelque chose comme "Tut Tut". Le sens général est "boucle-là, c'est pas tes oignons, roupille".

 Je commence à lorgner sur la chaise voisine, si je parviens à romper jusque-là, je suis sauvé.

 Ultime tentative.

- Tu ne crois pas que tu en fait un peu trop ? En plus, je suis certain qu'au fond de toi tu ne tiens pas vraiment à la pistache.

- Tu ignores ce qui se passe au fond de moi.

 En face, la mer miroite, là-bas, vers Roquebrune, un voilier cherche un vent absent. Il y a un charme dans tout cela, nul pays n'est plus onctueux, toutes les aspérités en ont été gommées, rien ne peut arriver ici, jamais.

 Troisième apparition du garçon avec la même coupe qu'il dépose sur le guéridon.

- Monsieur le Directeur vous présente ses excuses et vous fait dire qu'il est désolé et...

- Il est collé à sa chaise, le directeur ?

- Je ne pense pas, enfin il m'a dit de ne pas vous faire payer.

 Je lorgne Paule entre mes cils. Je la trouve admirable en cet instant. Ses yeux viennent de s'arrondir.

- Qu'est-ce que vous voulez que je paye ? Je vous demande de la pistache, il n'y a pas de pistache et vous voudriez qu'en plus je donne des sous ?...

 Le serveur soupire.

- En effet, dit-il, en effet... Enfin, si vous ne voulez pas la manger, je la rapporte.

 Paule toise sévèrement l'énorme tas de Chantilly surmontant café, vanille, amandes et pistache absente.

- Laissez-là, je vais essayer de l'avaler, mais je ne promets rien.

- Merci dit le serveur épuisé, j'espère que vous allez réussir.

 J'essaie de détendre l'atmosphère en intervenant dans le débat :

- Je voudrais une glace à la pistache.

 Paule rit, le garçon pas, et s'éloigne voûté.

 Elle pioche à présent allégrement dans la coupe.

- Tu as vu comment on bouffe à l'oeil ? Je l'ai toujours dit pour quelqu'un qui a  un peu de repartie, tout peut être gratuit.

 Je lève un oeil vers l'Azur.

- "Un peu de repartie" ! Ca fait une heure que tu le bassines avec tes histoires...

 Elle déglutit, repioche et parle la bouche pleine.

- Tu es un vaincu, dit-elle, tu commandes un steak tartare, on t'apporte une sole meunière, tu la manges, tu t'excuses et dis merci.

- Tu as oublié de préciser que je laissais un pourboire.

 Il est temps que ramène Paule à la gare. Elle me sort déjà par les oreilles.

 Ca suffit maintenant.

 Hier soir nous avions fait un tour au casino. Elle a gagné 50 € avec ses sous et perdu 150 avec les miens. Nous avons bu du champagne pour fêter ça et à la troisième coupe elle m'a regardé sévèrement et a proféré comme une sentence sans appel.

- Je ne me suis jamais ennuyé avec toi...

 J'ai immédiatement sombré dans l'attendrissement le plus moite, j'ai eu tort.

- Il est vrai que je ne t'ai pratiquement jamais vu.

 C'est décidé, je ne la reverrais plus, merde à la fin.


 Enfin, tout ça pour dire que nous sommes passé à Beaulieu et que la représentation c'est plus ou moins bien passée. Même si M. Léopold nous a lancé - en partant ! - cette phrase lapidaire : 

- J'ai mal dit le coeur. Tu vas oublier dit le temps. Mais je vais toujours revenir dit la mémoire.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Le Tour de Gaule

Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin