"Chambéry.
Chambéry est une charmante bourgade située à sept heures de Carmaux (en laissant de côté la route d'Aurillac).
C'est ici - à cet endroit très précis - qu'on s'est retrouvé pour fêter Noël dans la ville de Badou.
Qui est Badou ?
Badou est notre ami. Un ami très spécial. Celui qu'on appelle quand on a flingué sa femme et qu'on a besoin d'un coup de main pour cacher le corps.
Détail : Badou a grandit à Chambéry. Ceci explique peut-être cela.
A Chambéry, même quand ça caille, s'il faut creuser, on creuse.
Ces gens-là, ne sont pas du genre à laisser le froid dicter leur vie et à mettre les problèmes de côté ou au congélo.
Je me comprends.
Passons et revenons à Badou, on s'est rencontré en Afrique et - quand les soirées jouaient les prolongations -, on parlait du pays de notre enfance.
Là, las, j'entends - encore - la voix de Badou qui raisonnait dans la pièce quand il disait, je cite de mémoire :
"Qu'il est loin mon pays, qu'il est loin. Parfois au fond de moi se raniment
L'eau verte de la Leysse qui traverse la ville. Et la brique noire du Biollay.
Je reprends l'avenue vers l'école. Mon cartable est bourré de coups de poing. Ici, si tu cognes tu gagnes.
Ici, même les mémés aiment la castagne..."
Aussi, ni une, ni deux, nous avons entamé - avant le spectacle - une visite guidée de Chambéry. Morceau choisi :
Voici le parc, j'y arrête mes pas. Non pas pour prendre une photo mais pour donner la pièce à une personne en difficulté. Pas par envie - non, cent fois non ! - mais par peur.
La vérité ? Si Badou m'avait vu passer devant cet homme sans donner l'hômone, il m'aurait mis un coup de tronche.
Disons-le tout net, pour Badou, la solidarité, c'est sacré.
La suite ? Un petit vin blanc qu'on boit sous les tonelles et qu'on commande au bistrot du coin - parce que boire un petit coup c'est agréable -, avant de tourner à droite, de traverser la place du Palais de justice et de tomber nez à nez sur les Halles.
Magique, les halles de Chambéry.
Petite parenthèse : au café du coin, la serveuse s'appelle Nancy. Comme la ville. Ou comme la Nancy de La petite maison dans la prairie.
C'est con mais je me suis alors demandé - à ce moment-là ! - si au même moment un touriste commandait un petit vin blanc à Nancy à une serveuse prénommée Chambéry. Pourquoi pas, après tout. Surtout s'il s'appelle Charles. Ou Olson.
Passons.
Et imagnez, les chalands qui passent, un peu plus loin, au marché de Noël. Là où les rues piétonnes illuminent le soir.
Là aussi et surtout où j'entends encore l'écho de la voix de Badou. C'était en ce temps-là mon seul chanteur de blues quand il chantait - à tue-tête - ce cri lapidaire que je ne fais que citer :
"Ô mon pays, Ô Chambéry.
Texte inspiré de la chanson de Nougaro Ô Toulouse (pour les amateurs)