"Le fabuleux estin de Monique Durand.
Le 16 novembre 1951, une mouche bleue de la famille des muscadets, capable de faire 4000 battements d'ailes à la minute se posait avenue d'Albi à Carmaux.
A la même seconde, à la terrasse d'un restau à deux pas de la mairie, le vent s'engouffrait comme par magie sous une nappe faisant valser les verres sans que personne ne s'en aperçoive.
Au même instant, Eugène Colère de retour de l'enterrement de son meilleur ami en effaçait le nom de son carnet d'adresse.
Toujours à la même seconde, un spermatozoïde pourvu d'un chromosome XY appartenant à Mr Durand se détachait du peloton pour atteindre un ovule appartenant à Mme Durand, 9 mois plus tard naissait Monique Durand !
Monique aime :
Acheter des légumes au marché Carmausin,
Encourager les joueurs de l'OM quand ils entrent sur le terrain,
La chanson L'envie d'aimer, même si elle lui file du chagrin,
Sa famille parce que ce sont des gens bien,
Manger des huîtres du bassin méditerranéen,
Le goûter avec ses soeurs pour se raconter les potins,
Sa maman parce qu'elle le vaut bien,
Servir les invités quand ils partagent un festin,
Ses enfants, parc que que ce sont les plus malins,
La petite Manon parce qu'elle trouve que c'est un joli bambin,
Et son mari enfin.
En revanche, Monique n'aime pas :
Qu'on lui serve des plats froid, parce qu’elle trouve que c’est malsain.
Les campings parce qu’il y a que des crétins,
Ne pas se brosser les dents parce que c'est pas sain,
Les oignons parce que pour les calins, ça craint,
Et faire du ski alpin, enfin.
Nous sommes le 18 avril 1975, le jour de la Saint-Parfait, il est exactement 00 H 21. A la gare de Toulouse, à deux pas de la maternité, la machine à malaxer de la guimauve malaxe de la guimauve.
Au même instant, Valery Giscard d'Estaing se rend compte qu'il a peut-être un ticket avec la princesse Diana.
Pendant ce temps, à la place du Capitole, la température est de 22°, le taux d'humidité de 70° et la pression atmosphérique de 990 hecto pascals, ça fait exactement deux minutes (montre en main) que le petit Régis a poussé son premier cri.
Après l'accouchement, Monique a soudain le sentiment étrange d'être en harmonie totale avec elle-même, tout est parfait en cet instant, la douceur de la lumière, un petit parfum dans l'air, la rumeur tranquille de la ville, elle inspire profondément et la vie lui paraît si simple, si limpide, qu'un élan d'amour la submerge tout à coup.
Donner la vie, enfin...