"Le Vélosolex.
Avec une délicieuse musique en deux temps, neuf millions de Solex ont sillonné paisiblement les départementales de notre pays. Ce deux-roues s'est transformé en icône hexagonale, que l'on retrouve par exemple chevauchée par Brigitte Bardot ou Jacques Tati dans de nombreux films. Sa forme particulière, sa couleur, son bruit sont devenus typique d'une certaine France.
Deux ingénieurs brillants, au début 1900, sympathisent sur les bancs de la prestigieuse école Centrale. Cinq ans plus tard, ces compères créent leur entreprise et l'appellent Solex, un nom qui ne signifie rien de particulier mais à l'avantage d'être facile à prononcer. Et les deux centraliens font donc prospérer leur entreprise. Chacun à son rôle. Marcel Menesson est l'homme de la technique quand Maurice Goudard tient plutôt les cordons de la bourse.
En 1940, le premier prototype sort... mais la guerre lui barre la route. Ce départ retardé est toutefois mis à profit pour optimiser l'engin. En avril 46, le Solex est donc prêt à conquérir la douce France qui se remet de ses blessures. Il est produit à Courbevoie à la cadence de 15 machines par jour et coûte 13 600 francs pièces. Le Solex roule à la "solexine", un mélange d'essence et d'huile vendu dans des bidons métalliques de 2 litres.
Le succès est immédiat.
Le record est atteint en 64, avec 380 000 modèles vendus dans l'année ! Une réussite qui est due à sa conception. C'est une machine increvable, qui demande un minimum d'entretien et à l'avantage d'être peu gourmande (1,25 litre aux cents kilomètres).
Sa légende vient aussi de ses utilisateurs. On associe classiquement le Vélosolex au curé de campagne qui l'enjambe à longueur de journée, l'étudiant ébouriffé, l'infirmière libérale, l'ouvrier de la banlieue, l'artiste décalé...
Sa silhouette devient banale dans le paysage routier un cadre en col de cygne, un moteur à l'avant... qui a toutefois le désavantage d'entraîner une certaine instabilité envoyant les plus distraits au fossé ! Mais à 35 km/heure de pointe, ce "père tranquille" de la route n'est pas très dangereux. Il a plutôt vocation à battre les sentiers, à faire glisser le vent dans les cheveux de son conducteur béat.
L'amoureux du Vélosolex aura bien du chagrin quand son engin roulant préféré commencera à battre de l'aile. Les ventes vont commencer à décliner avec l'apparition de la mobylette plus puissante et de l'automobile plus valorisante. Le port du casque devenu obligatoire rebute les femmes qui ne veulent pas déranger leur mise en pli...
Le 7 novembre 88 au soir, la chaîne de production du célèbre Solex s'arrête sur un silence éprouvant.
Tout ça pour vous dire que quand la France a été Championne du monde, ma Mamie a ressorti le drapeau tricolore du grenier avant d'enfourcher son Solex pour aller faire la fête à la place Jean Jaures de Carmaux.
Comme tout le monde.
Collection "Les choses de Mamie"
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