"Dans la cour de récré...
Avertissement : Ma Mamie a toujours détesté l'école. Mais elle a tenu à les raconter à toutes celles et ceux qui furent gosses au moins une fois.
Je ne veux pas aller à l'école "Les souvenirs d’école. Le bruit des galoches cloutées qui raisonnaient sur le chemin gelé de l’école, l’encre violette de porcelaine Blanche, les cartes vidal-Lablache punaisées au mur, les gros poêles à charbon, l’histoire de la chèvre de M. Seguin. Je me souviens aussi des cours de chant, de dessin et de natation.
Je me souviens de Mme Bouchacour, des totos, de la Marie-Rose.
C’était le temps de la grande hygiène, les bains dans la bassine de fer blanc avec au fond des rustines métalliques...
Je me souviens du fer dans les épinards et des vitamines en tout genre, de l’huile de foie de morue, des ventouses, des cataplasmes, des vermifuges parce que "La petite fait des vers".
Je disais souvent à Papi "Laisse-le encore faire l’enfant" et comme j’avais la foi du charbonnier, je disais aussi : "Ne fais pas ça, le petit Jesus ne va pas être content". Ou "A chacun sa croix".
Et toujours la même trace dans notre souvenir. Blouses grises et culottes courtes. Pupitre avec le trou pour l'encre. Les cours de chant, de dessin et de natation ...
"L’école est une fabrique à souvenirs avec le premier jour de la rentrée ; le cartable de L'écolier ; L'institutrice ; Les cancres ; Le temps des écoles
"Maman se levait souvent la première pour préparer le petit-déjeuner.
Je me pelotonnais au fond du lit sous le gros édredon rouge, lourd de plumes. C’était vraiment un nid douillet où rien du monde extérieur ne pouvait pénétré.
J’entends encore le tintement de quelques casseroles, le bruit des cuillères et des fourchettes remuées dans le tiroir, le chuchotement de la bouilloire éternellement placée sur le coin du feu, la toux de grand-père, la chaise que l’on tire, tous ces bruits familiers qui nous berçaient et nous sécurisaient. Maman nous disait alors :
"Il faut peut-être vous lever, mes petits gars, sinon vous serez en retard pour le dernier jour de classe."
"Je me souviens que je devais faire mon cartable comme une grande et que sur le chemin de l’école, je vérifiais que je n’avais rien oublié...
Les odeurs se mélangeaient. Senteurs de feuilles mortes qu’on éparpille avec les pieds, et les odeurs de l’école qui rouvrait ses portes, odeurs des blouses neuves, odeurs des ardoises noires et des craies blanches, des crayons taillés fins, des plumiers vernis, des gommes d’où se détachait une fine poussière, des cartables en faux cuir. l’odeur des livres neufs, des cahiers immaculés où je traçais si maladroitement les premiers bâtons.
"A 8 h 30, pour le dernier jour de classe, après nous avoir mis en rang deux par deux et nous avoir autorisé à nous installer, l’instituteur avait fait l’appel, puis avait commencé par une leçon de morale :
- Sang froid dans le danger, victoire assurée.
- Garder un objet trouvé, c’est voler
- La paresse est la mère de tous les vices
- Je prendrai grand soin de mes affaires
- J’écouterai toujours le maître
- Je serai un élève attentif
"A 10 heures, récitation.
Je me souviens qu’à chaque récitation, l’âme candide et chaleureuse du Petit Poucet me bouleversait, versant ses derniers mots tel un baume.
"Un jour sur ses longs pieds allait je ne sais où
Le Héron au long bec emmanché d'un long cou..."
Je me souviens aussi d’une fable de la Fontaine :
"Rien ne sert de courir, il faut ..."
Et de la cigale et la fourmi quand la fourmi dit "Vous chantiez, j’en suis fort aise et bien ...
«Nos coup d'oeil sur la copie des voisins... La chaîne d'arpenteur, le bocal avec la vipère, la carte de France avec ses fleuves et ses beaux départements colorés, le chant des tables de multiplications ("neuf-fois-sept-cinquante-six"), l'enfer des dictées ("vingt-cinq fautes, trente fautes, trente-cinq fautes ... record battu !"), les problèmes d'arithmétique.
Lorsque les pages étaient bien remplies, j’avais droit à une image comme chaque écolier. Nous pouvions la choisir, et nous ne savions pas laquelle prendre, parmi toutes celles qui représentaient des poissons, des paillons, des fleurs aux couleurs vives et attrayantes.
Une autre carte, celle sur les climats a changé sa vie. Elle était assise à côté du cancre de la classe qui a glissé sa main dans sa culotte avant de lui glisser à l’oreille : "Si tu parles, tu iras en prison parce que mon père est député..."
"A midi, après la cantine, place à la cours de récrée. Pour le goûter, ma maman me fourrait dans un quignon de pain une bille de chocolat Meunier que je dévorais au retour de l’école. cours dessin..
Je me souviens que mes cahiers d'écolière étaient bien tenus. avec une écriture soignée. J’ai d'ailleurs reçu beaucoup de bons points pour récompenser mon application.
Et je n’ai jamais copié sur ma voisine.
J’étais nulle en arithmétique et en grammaire. Sur mes bulletins, on lisait : "Doit absolument réaliser de sérieux progrès" et le sempiternel : "Peux mieux faire".
Ma maman disait alors cette phrase qui a du bercer et berce encore les générations : "Ce n'est pas pour nous que tu travailles, c'est pour toi." Puis elle ajoutait :
"Tu nous fais beaucoup de peine."
"Si tu continues comme ça, tu finiras en pension !"
Le pire, c'était la période des compositions parmi lesquelles celle de géométrie me causait bien du souci..
"A seize heures heures, il avait fallu passer l’incontournable visite médicale : on y avait tous droit. Pour savoir si on avait la coqueluche, la rougeole, des totos, du diabète ou d’autres maladies contagieuses, on nous faisait une piqure terrible"
"La fin de l’année. Fini les tableaux noirs et les craies de couleur, fini les pupitres tailladés au canif et maculés d’encre violette, fini le crissement laborieux de la plume Sergent-Major sur le cahier quadrillé, fini les "piquets" ou les "colles", fini les compositions trimestrielles, fini tout ça !
Je me souviens qu’avant de partir des rondes se formaient au rythme de :
"Vive les vacances !
A bas les pénitences !
Les cahiers au feu
Les maîtresses au milieu"