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13 mars 2022 7 13 /03 /mars /2022 18:05
"Le Supplément" du 13 Mars

"Jean Ferrat,

 

C’est après avoir vu sur une carte de France la ville de Saint-Jean-Cap-Ferrat, qu'il décide de prendre le nom de Jean Ferrat, après le nom de Jean Laroche déjà utilisé sur scène par un autre artiste.

 

C’est sa rencontre en 1959 avec Gérard Meys, qui deviendra son éditeur et son ami, qui lance sa carrière. Il signe alors un contrat chez Decca avec Daniel Filipacchi et, l'année suivante, sort son second 45 tours EP avec la chanson Ma Môme, qui devient son premier succès en passant sur toutes les ondes.

 

"Ma môme, elle joue pas les starlettes

Elle met pas des lunettes de soleil

Elle pose pas pour les magazines, elle travaille en usine à Créteil …

 

 En 1961, il rencontre Zizi Jeanmaire, pour laquelle il écrit Eh l'amour, Mon bonhomme. Elle l'engage comme vedette américaine de son spectacle à l'Alhambra, le premier music-hall où il chantera. Il y reste six mois et abandonne alors sa guitare pour l’orchestre.

 

 Son premier 33 tours, Deux enfants au soleil, sort en 1961 et reçoit le prix de la SACEM.

 

« La mer sans arrêt

Roulait ses galets

Les cheveux défaits

Ils se regardaient

Dans l'odeur des pins

Du sable et du thym

Qui baignait la plage

Ils se regardaient

Tous deux sans parler

Comme s'ils buvaient l'eau de leurs visages

Et c'était comme si tout recommençait …

 

 En 1962, il fait la connaissance d'Isabelle Aubret. Cette rencontre est pour les deux artistes le début d'une grande et pérenne complicité artistique, puis amicale.

 

 C'est à la même époque que Ferrat compose la musique de C’est beau la vie, chanson que Michelle Senlis a écrite pour Isabelle Aubret après son accident de voiture.

 

« Le vent dans tes cheveux blonds, le soleil à l’horizon

Quelques mots d'une chanson, que c'est beau, c'est beau la vie …

 

 En 1964, il confirme son succès naissant auprès du public avec La Montagne qui demeure l'un de ses plus grands succès. Avec ce texte, il chante – sans la nommer – l'Ardèche, région chère à son cœur, et fait de cet hommage à la France paysanne un classique de la chanson française.

 

« Pourtant, que la montagne est belle, comment peut-on s’imaginer

En voyant un vol d'hirondelles, que l'automne vient d'arriver ?

 

 En 1969, Jean Ferrat chante Ma France, chanson phare de l'album homonyme. Une chanson dont il sera le plus fier.

 

« De plaines en forêts de vallons en collines

Du printemps qui va naître à tes mortes saisons

De ce que j'ai vécu à ce que j’imagine

Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson

Ma France.

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
12 mars 2022 6 12 /03 /mars /2022 12:34
"Le Supplément" du 12 Mars

"La petite Tonkinoise.

 Les années folles ne le seraient pas sans la démesure de Josephine Baker, tout droit venue d’Amérique.

 Au commencement, le public de Paris ne voit d’elle que sa croupe, "une croupe qui rit", selon le bon mot de Simenon. 

  Elle a 19 ans lorsqu’elle apparaît au public français à quatre pattes et nue comme un ver.

 La revue nègre vient de débarquer en France. 

 Freda Josephine Mc Donald est née dans les bas-fonds du Missouri avant d’épouser à 13 ans Willie Wells, un ouvrier fondeur qu’elle quittera après lui avoir fracassé une bouteille sur la tête.

 A 15 ans, elle se lie à un M. Baker dont elle gardera à jamais le patronyme mais fuira vite sa compagnie.

 A Broadway, elle présente ses danses métissées, un charleston très vitaminé audacieusement teinté de gesticulations africaines.

 La revue nègre invitée à Paris est un spectacle sage. Trop sage aux yeux du directeur du théâtre.

 Finalement, la veille de la première est ajouté un tableau plus piquant, La danse sauvage, dans lequel la jeune Joséphine, nue et couverte de plumes, esquisse un charleston endiablé.

 La nudité, les bondissements de la danseuse ont de quoi choquer le public ; pourtant le caractère inédit de sa performance fait d’elle la nouvelle attraction de Paris.

 Les cubistes tombent en pamoison devant la plastique de la jeune femme et l’extravagance de son art.

 Désormais, dans les bals, dans les salons, on s’exerce avec passion au charleston.

 Ces mouvements acrobatiques empruntés aux danses noires africaines sont nés à Charleston, en Caroline du Sud, quelques années plus tôt. Elle présente ensuite La folie du jour aux Folies-Bergère : pour l’un des 45 tableaux du spectacle la voici juste parée de perles et d’une ceinture de 16 bananes.

 Pour un autre, elle se retrouve dans une boule incrustée de fleurs. Du jamais vu ! Auréolée de ce triomphe, elle se voit conviée au Casino de Paris par Henri Varna. L’homme offre - comble de l’érotisme - un léopard à sa protégée.

 Paris ne parle que de ça !

 Le public joue à s’effrayer, redoutant de voir paraître l’animal sur scène et déplorant aussi de ne l’avoir point vu. Joséphine entretient sa légende dans ce Paris où l’Afrique et animaux sauvages signifient tant de fantasmes.

 Ne dit-elle pas, à raison peut-être, qu’elle a appris à danser en observant les animaux du zoo ?

 Passée meneuse de revue, elle se met à chanter. Avec J’ai deux amours, Joséphine signe son pacte d’amour avec Paris. Si la petite Tonkinoise est l’un de ses plus grands tubes, elle n’a de cesse de chanter Paris.

"Je me suis sentie libérée à Paris", dira-t-elle religieusement.

 

"C'est moi qui suis sa petite

Son Anana, son Anana, son Anammite

Je suis vive, je suis charmante

Comme un p'tit z'oiseau qui chante

Il m'appelle sa p'tite bourgeoise

Sa Tonkiki, sa Tonkiki, sa Tonkinoise

D'autres lui font les doux yeux

Mais c'est moi qu'il aime le mieux ...

 

 Par la suite, elle fera preuve d’humanité en devenant un agent de renseignement dès 1939, au commencement de la seconde guerre mondiale, ainsi que la marraine de la Croix-Rouge.

 

"Pour moi, y a qu'un home dans Paris, c'est lui

Je peux rien y faire, mon coeur est pris par lui

Je crois que j'en perds la tête, il est si bête

Qu'il ne l'a pas compris ...

 

 Sa popularité et sa respectabilité sont telles que le nazi Goering, ne se risquant pas à l’arrêter, la fait confier à un dîner où l’on tentera de l’empoisonner.

 L’héroïne, digne d’un roman d’espionnage, doit quitter la France pour le Maroc où elle oeuvrera au sein des services de renseignements de la France libre puis de l’armée de l’air. 

 Elle a tant fait pour la France, la tolérance et la liberté, qu’elle sera la première femme d’origine américaine à recevoir lors de ses funérailles les honneurs militaires français.

 Elle repose aujourd’hui au cimetière de Monaco, la princesse Grace ayant été l’une de ses plus chères amies.

 Rideau.

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
10 mars 2022 4 10 /03 /mars /2022 16:35
"Le Supplément" du 10 Mars

"1099 morts.

 

 Courrières, 6 h 45 du matin, le 10 mars 1906. Une formidable explosion vient de secouer la fosse n°3 dans laquelle sont descendus près de mille cinq cents mineurs. 

 Nul ne sait ce qui s’est passé.

  

 Les premiers rescapés restent muets de terreur. Ils ont le visage noirci, les vêtements déchirés, les mains et le visage en sang. Certains s’enfuient à toutes jambes.

 Quand ils racontent, comme le fait Pierre Dasson, sorti indemne de la fournaise, c’est pour évoquer le vacarme assourdissant, l’air qui se raréfie, les vapeurs toxiques, les camarades qui tombent, les corps qui s’enchevêtrent.

 Des épouses, des mères, des femmes affolées qui crient, qui s'évanouissent.

Elles attendent un père, un mari, un fils, souvent les trois.

 Et parfois même toute leur famille comme Philomène Pétain ou Cordule Levan, qui perdent chacune dans la catastrophe leur mari et leurs quatre garçons. 

"Le destin", disent les journaux de droite. "Une sommation de justice sociale", écrit-on à gauche. 

 

Pas de chance ? Comment qualifier autrement l’infortune de ces pauvres bougres auxquels la mort avait donné rendez-vous par 350 mètres de fond ? 

 Est-ce que l’accident était inscrit en filigrane dans l’agenda de leurs vies ?

 

Les absents n’ont pas toujours tort. Jean Heirle ne travaillait pas ce jour-là, il se portera sauveteur volontaire.

  

 Partout c’est le chaos.

L’orphelin Charlemagne Venant, seize ans, venait de trouver une famille d ‘adoption chez Lucien et Amandine Delvallez. Il va mourir asphyxié à la fosse 4 de Sallaumines.

Son père adoptif, parti le chercher, ne reviendra pas de l’enfer.

 Les cadavres sont dans un état qui défie toute description. La plupart sont nus ; les vêtements ont été brûlés ; les corps carbonisés. A l’un les doigts sont arrachés ; un autre à les yeux sortis des orbites ; un troisième est privé de tête. "On remonte aussi un cheval amputé des quatre pattes, et décapité", rapporte l’envoyé spécial du Matin

 

 Parfois, pourtant, l’espoir renaît.

Ici, ce sont des coups frappés contre la paroi et laissent envisagé des survivants. Là, c’est Pierre Simon qui parvient, au péril de sa vie, à sauver vingt-sept de ses camarades et qui dit :

- Ils sont morts, seuls les yeux vivent." Ailleurs, c’est un chef porion, Adolphe Grandamme, qui en retire dix-huit autres avant de repartir dans les galeries. On ne le reverra pas.

 Le bilan est épouvantable : mille quatre-vingt-dix-neuf morts.

 

 Toutes les communes sont touchées. Tous les mineurs sont en deuil. Pourtant, on veut croire encore au miracle. Pour éviter des scènes pénibles, les corps sont maintenant remontés la nuit, à l’insu des familles, identifiés par les uns, déclarés "inconnus" pour les autres.

 Devant l’urgence et le nombre des victimes, des cercueils arrivent de toute la France. Ils forment le 13 mars, lors des obsèques officielles, un interminable cordon mortuaire.

 Et la neige qui s’en mêle et la mine qui brûle toujours. Et des questions sur toutes les lèvres : "Et s’il restait encore des vivants ? Et si l’on avait abandonné trop tôt les recherches ? Mais le coeur n’y est plus.

 

 Et pourtant, le 30 mars, l’incroyable arrive. Vingt jours ont passé, les secours ont cessé, l’espoir est mort quand, à 7 h 30 du matin, treize hommes surgissent d’une galerie, hébétés et hirsutes, devant une équipe d’ouvriers occupés à réhabiliter les lieux.

Stupeur.

On les installe avec précaution. Dans les rues, on accourt de toutes parts, les familles déboulent.

Camille-Léonie Busquet, qui a déjà perdu deux fils dans la catastrophe, s’évanouit en voyant le troisième indemne. Sans un mot, comme figée, Nelly Pruvost étreint son mari et son fils, sauvés tous les deux.

  

On pleure, on rit, on dit des banalités.

 "J’ai surtout eu froid." "Je n’ai jamais perdu espoir." "Je n’ai pas pu fermer l’oeil." "Tiens, te voilà toi." d’un frère aîné à son frère cadet. Un mari à sa femme : "Ben qu’est-ce que tu fous toute habillée en deuil ?

 On est submergé par l’émotion.

 Le fond ? Un seul y retournera.

  

Albert Dubois, dix-sept ans, quittera le métier. Le destin, disiez-vous ? Il sera, en 1914, huit ans plus tard, un des premiers soldats français à tomber au champ d’honneur.

  L'horreur encore.

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
9 mars 2022 3 09 /03 /mars /2022 11:37
"Le Supplément" du 9 Mars

"Ma vie à dormir debout ...

Le village était traversé par un ruisseau dans lequel j'allais pêcher de tout petits poissons argentés.

 

 Mon père nous emmenait aussi en promenade sur le Cher, qui poussait tout près de la fermette où nous vivions.

 

 Il adorait pêcher à la ligne au lancer et nous rapportait des brochets ainsi que des tanches. Mon rôle consistait à cultiver les asticots qui servaient d'appâts.

 

 Il m'arrivait aussi de jouer à la guerre avec ma soeur et les voisins. Un homme nous avit fabriqué des fusils en bois. Ma soeur tenait le rôle de l'infirmière, et moi celui du FFI.

 

 Mon autonomie a augmenté le jour où ma grand-mère m'a offert un vélomoteur. J'avais vu un Vélosolex d'occasion en vente dans un charbonnier.

 

 Et ma grand-mère qui m'aimait beaucoup, qui m'appelait "mon tout-petit", m'a donné l'argent qu'elle gagnait en travaillant la nuit dans l'imprimerie de l’Humanité.

 

 Naturellement, cela a contrarié mon père . "C'est le bouquet a-t-il dit à ma mère. Voilà qu'il a un vélomoteur…"

 

 Ma grand-mère habitait rue du Croissant, elle ne manquait jamais de me montrer le café du Croissant, où Jaurès a été assassiné, et l'impact sur l'un des murs de la balle qui l'avait tué.

 

 Avec elle, j'ai vu sur scène les adieux de Mistinguett, j'ai également vu Maurice Chevalier chanter Ma Pomme en se déshabillant sur scène. Il retirait son smoking et se mettait en caleçon avant de s'habiller en clochard, puis, de clochard, il se déshabillait de nouveau sur la scène jusqu'au caleçon pour remettre son smocking.

 

Et pendant ce temps-là, il chantait la fameuse chanson : "Ma pomme, c'est moi, j'suis plus heureux qu'un roi... Je n'me fais jamais d'mousse, en douce, je m’pousse...

 

 1954. A l'époque j'aimais beaucoup une chanson de Trenet qui s'appelait En Avril à Paris.

 

"Quand Paris s'éveille au mois d'avril, quand le soleil revient d'exil, quand l'air plus doux berce une jeune romance, quand le printemps vraiment commence... Alors voici qu'aux portes de Paris, du Nord jusqu'au Midi, la France chante et rit, en avril à Paris..."

 

Je suis donc allé chercher la partition pour la chanter.

 

 A l'époque, les succès du jour se vendaient sous forme de partitions qu'on appelait des "petits formats".

 

 Sur la couverture figurait la photo de la vedette et à l'intérieur, on trouvait toutes les indications pour jouer le morceau. Je me souviens par exemple qu'on voyait André Claveau en couv de La Petite Diligence, Yves Montand pour Les feuilles mortes, Jacqueline François posait pour Mademoiselle de Paris, Edith Piaf pour Les trois cloches

 

 Puis j'ai vu Mouloudji qui avait fait un triomphe avec Un jour, tu verras, Le petit Coquelicot, La complainte des infidèles, Le voleur ...

 

"Je suis voleur, j'aime voler, moi je suis comme les aviateurs, les magasins, c'est beau, ça brille, l'intérieur est un océan où tout scintille. Me voivi au rayon des livres, prenons garde au détective, c'est difficile de prendre l'air, l'air de ne pas en avoir l’air..."

 

 Ensuite, je me suis retrouvé avec une 5 CV Citroën qu'à l'époque, on appelait une "petite citron". Il s'agissait d'une petite voiture noire avec des ailes qui ressortaient.

 C'était ma première voiture, et elle tombait en panne partout.

 

Je me souviens qu'à ce moment-là, Colette Renard venait d'exploser avec la comédie musicale Irma la douce. C'est aussi à ce moment-là qu'est apparu le Teppaz : ce lecteur de disque qui comportait un gros trou où on était obligé de mettre un cylindre pour tenir le disque.

 

 Fin 59, Johnny a sorti son premier disque, Itsy Bitsy petit Bikini, et a enregistré Twist Again presque en même temps. Petit Bikini n'a pas plus à Lucien Morisse qui ne voulait pas le passer à la radio parce qu'il ne comprenait pas pourquoi un jeune qui débutait avait pris la chanson de Dalida.

 Cela a fait une espèce de pataquès.

 

 Mais avec Twist Again, on a vu que Jonhny commençait à allumer le feu partout. Puis il y a eu la première soirée "yéyé" au Palis des Sports. En première partie, Richard Anthony chantait : "Deux petites pépées dans une petite MG", puis Johnny est arrivé et c'est  devenu complètement fou.

 

 A l'époque il rentrait en scène sur la chanson Kily Watch. Tous les jeunes se sont mis à taper dans leurs mains, à chanter avec lui.

 

 Deux films cartonnaient en ce temps-là, Les enfants du Paradis de Marcel Carné et Napoleon d'Abel Gance.

 

 De son côté, Claude François était très malheureux parce que Bécaud lui avait piqué Janet. Puis comme on le sait, il a enregistré Belle, belle, belle, qui a fait de lui en quelques semaines, un recordman de vente de disques.

 

 C'est cette année-là que j'ai rencontré Brel. Il me demandait des anecdotes sur Trenet.

 

 Je me souviens qu'un jour un journaliste lui a demandé ce qu'il pensait de Brassens, Ferré et Mouloudji. "Mon préféré de tous, c'est évidemment Brassens", a répondu Brel. Puis, il a précisé : "Mais celui qui a ouvert la porte, c'est quand même le père Trenet. Je pense que sans lui, nous serions tous aujourd'hui des employés des PTT !".

 

Puis j'ai rencontré Marlène. Elle avait toujours la nostalgie de Gabin et ne pensait qu'à le revoir.

 

 Elle me parlait de lui chaque jour ; me racontait qu'elle lui avait écrit d'innombrables fois, sans jamais recevoir de réponse. "Sa femme doit intercepter mes lettres", m'avait-elle expliqué. Elle répétait :

 

"Picasso a eu sa période bleue. Moi, avec Gabin, j'ai eu ma période rose !"

- Vous avez dû beaucoup l'aimer, faisais-je observer.

- Je l'ai plus qu'aimé", répondait-elle, non sans tristesse.

 

 Un jour, elle m'a dit : "Je vais écrire une lettre que vous lui porterez. Je lui dirai que je vais passer à l'Olympia  et que toutes les chansons que je chanterai sera pour lui."

 

 J'ai alors déjeuné avec Gabin et j'ai compris pourquoi elle l'avait tellement aimé, pourquoi elle l'aimait encore. Il était à la fois fascinant d'intelligence, de générosité, et d'un naturel impressionnant.

 

 J'ai glissé ma requête et je lui ai donné la lettre où sur l'enveloppe, Marlène avait inscrit : "Pour Monsieur Jean Gabin". Gabin m'a dit : "Fais voir, môme." Il m'a pris la lettre et a dit :

 

"Ah, c'est encore la Schleue qui me poursuit. Putain de merde ! Elle va me faire chier longtemps celle-là !" Sans la décacheter, il a froissé l'enveloppe dans ses mains.

 

 Il y avait sur la table devant lui un cendrier Cinzano. Gabin a mis la boulette de papier dedans. Il a sorti son briquet Zippo et a mis le feu à la lettre sans même l'avoir ouverte. Je le regardais faire, pétrifié. J'entendais la voix de Marlène qui me répétait chaque jour : "A l'Olympia, je chanterai uniquement pour lui", et je voyais sa lettre se consumer dans le cendrier blanc. 

 

 Quand je suis revenu chez elle, elle a commandé une coupe de champagne avant que je parle et à prononcé un seul mot, dans lequel toute son attente était résumée : "Alors ?" J'ai répondu que j'avais bien donné la lettre à Gabin. "Et comment a-t-il pris ça ?" Je ne pouvais pas lui dire ce qu'il avait fait. J'ai donc menti. "Il l'a mise dans la poche de son veston. Et il n'a rien dit à personne."

 

"Ah bon, et vous ne pouvez pas savoir par votre ami ? a-t-elle demandé encore. - Non, Roger ne m'a rien dit." Pour rien au monde, je n'aurais voulu lui faire de la peine en lui disant comment Gabin avait réagi...

 

La rencontre de ma vie.

Je chantais Les boutons dorés ...

 

"En casquette à galons dorés

En capote à boutons dorés

Tout au long des jeudis sans fin

Voyez passer les orphelins ...

 

... et pendant que je chantais, j'ai remarqué une jeune fille aux cheveux châtains, avec une robe rouge cerise, assise dans un canapé.

 

 Elle me regardait et j'ai eu une impression très forte. C'était comme si je me trouvais face à quelqu'un venu d'un autre monde. Elle avait un grâce, une lumière qui émanait d'elle, qui la rendaient très singulière. De ce fait, elle m'est apparue comme une petite princesse. Tout en chantant, je me disais : "Qu'est-ce qu'elle doit être jolie sur une scène ! »

 

 La chanson terminée, je suis allé directement vers elle. Je lui ai demandé son nom : "Je m'appelle Chantal de Guerre. »

 

 J'étais dans un trouble extrême, et pourtant j'avais une intuition  très forte, que je lui ai confiée : "J'ai l'impression que nous allons nous marier un jour, lui ai-je dit, que nous aurons deux enfants. Vous serez célèbre vers trente ans et vous chanterez à l'Opéra de Paris. »

 

 Elle m'a répondu très sérieusement : "Qu'on se marie, ça peut arriver ; deux enfants, ça peut arriver aussi. Pour ce qui est de la célébrité à trente ans, je veux bien le croire. Mais en ce qui concerne le fait de chanter à l'Opéra de Pari, ça me semble très improbable. Je ne suis pas la Callas. Alors j'ai l'impression que vous vous moquez de moi."

 J'étais déjà sous le charme.

 

 Comme m'avait dit Marlene, un jour : "Il faut se méfier de ces petites. Elles savent se faufiler partout, même à travers les larmes." Chantal aussi, je crois qu'elle a magnifiquement su se faufiler à travers les larmes de sa vie.

 

 C'est à ce moment-là que Sylvie Vartan a gagné ses galons de grande vedette. Je chante pour Swany a été un tube énorme, en Italie, au Japon, partout.

 

 Je me souviens qu'ensuite quand j'ai chanté à l'Olympia avec Souchon qui débutait en première partie, Coquatrix s'est énervé parce qu'Alain voulait chanter en blue-jean...

 

"Ici, M. Sinatra, Nat King Cole, Armstrong chantent en smoking ! Marlene Dietrich met ce qu'elle a de mieux ! Alors, je ne vois pas pourquoi M. Souchon se permettrait de venir habillé avec une culotte de charpentier. Il ne lui manque plus que le mètre qui dépasse de la poche, une perceuse dans une main et un marteau-piqueur dans l'autre ! Il ne respecte pas le public !"

 

 De son côté, Chantal commençait a cartonné avec "Voulez-vous danser grand-mère ».

 

"O, quelle cérémonie

Pour grand-père et grand maman,

La famille est réunie

Pour leurs noces de diamant ...

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
7 mars 2022 1 07 /03 /mars /2022 16:28
"Le Supplément" du 7 Mars

"Mademoiselle de Paris.

 

Gamine, elle écoute beaucoup de disques, Léo Marjane (« Je suis seule ce soir ») et Jean SablonVous qui passez sans me voir … »)  sont ses idoles.

 

 Son père occupe un poste de direction aux brillantines Roja ("Pour être aimée, ayez du charme", ordonne la réclame).

 

 En 1945, elle se présente à une audition pour passer à la radio. Elle est retenue, et, pour son premier passage, est accompagnée par une grande formation. Cela ne lui pose pas de problème et s'en sort plutôt bien. Dans l'orchestre, un guitariste, Louis Gasté, futur mari de Line Renaud, remarque son phrasé remarquable.

 

 Il a sa propre maison d'édition et lui propose d'enregistrer deux titres : Gentleman et Ça n'était pas original, qui connaissent le succès.

 

 Jacqueline François se produit aussi en cabaret et donne alors dans le genre réaliste, comme c'était la mode à l'époque, avec des chanteuses telles que Renée Lebas ou Édith Piaf.

 

 Lors d'une tournée, elle fait la connaissance du chanteur Henri Decker, qui va devenir son mari et le père de son unique enfant, François ; il lui fredonne sans cesse une mélodie, Printemps, que Jacqueline trouve plutôt jolie ; Henri Decker, lui présente l'auteur, Paul Durand.

 

« Tout est si joyeux

Pourtant je suis malheureuse

D'où me vient tout ce tourment

O mon ami c'est le printemps …

 

Paul Durand avait composé Seule ce soir pour Léo Marjane durant la guerre ; il a un grand orchestre. Il est convaincu après la première audition, trouve un deuxième titre dont les paroles en français sont de Jean Sablon, C'est le printemps (reprise d'une chanson de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein, It Might As Well Be Spring) , convainc Jacques Canetti, et fait enregistrer ces deux chansons par la jeune femme chez Polydor.

 

Il réussit à la persuader d'abandonner le style réaliste pour des thèmes musicaux plus modernes, teintés de jazz et des paroles parlant d'amour : les ventes du disque décollent très vite et il remporte le « Grand prix du disque 1948 ».

 

Paul Durand avait vu juste : elle est crooneuse, chanteuse de charme. Elle est aussi une des premières interprètes de titres de Charles Aznavour, rencontré dans un cabaret.

 

En 1948, Henri Contet et Paul Durand lui écrivent une chanson à partir du contre-chant de Bal de nuit. C'est Mademoiselle de Paris. Le succès est mondial, et Jacqueline François est, toute sa vie, associée à ce titre. En 1953, elle atteint un record historique, vendre un million de disques.

 

« On l’appelle Mademoiselle de Paris …

On l'appell' Mad'moisell' de Paris

Et sa vie c'est un petit peu la nôtre

Son royaume c'est la rue d’Rivoli

Son destin, c'est d'habiller les autres …

 

 Elle est appelée pour enregistrer à son tour Trois fois merci de Pierre Dorsey et Michel Elmer, créé par Renée Lebas. Le succès est énorme. Idem pour Tu n'peux pas t'figurer de Paul Misraki (à l'origine créé par Suzy Delair) ou plus tard Les Lavandières du Portugal, dont elle fait un immense succès, et pour lequel un nouveau Grand Prix du Disque lui est décerné en 1955.

 

« Connaissez-vous des lavandières

Comme on en voit au Portugal

Surtout celles de la rivière

De la ville de Setúbal …

 

 Millionnaire du disque à une époque où les meilleures ventes se comptaient en dizaines de milliers, incontestable ambassadrice de la France de l'après-guerre, l'interprète est morte le 7 mars à Paris, à l'âge de 87 ans, dans la plus grande discrétion.

 

 Un dernier mot d’Aznavour : "Elle avait une oreille extraordinaire. Je l'ai croisée pour la première fois au Pont-Aven, un petit resto de marché noir. Elle chantait pour un maigre salaire et un sandwich, qu'elle nous donnait, car elle n'en avait pas besoin", raconte le grand Charles, avouant des "complicités anciennes et intimes" avec l'élégante Parisienne.

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
6 mars 2022 7 06 /03 /mars /2022 19:45

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Published by Régis IGLESIAS - dans Ma Mamie m'a dit
6 mars 2022 7 06 /03 /mars /2022 17:44
"Le Supplément" du 6 Mars

"Jacques Pills.

 

Connu sous son nom d'artiste Jacques Pills, René Ducos débute au Moulin-Rouge, où Mistinguett tient la vedette. Il met au point, avec son acolyte Georges Tabet, le numéro de duettistes Pills et Tabet, avec lequel ils tournent avec succès dans toute l'Europe. Le duo interprète des chansons de Mireille et Jean Nohain, comme Couchés dans le foin.

 

« Couché dans le foin avec le soleil pour témoin

Un p’tit oiseau qui chante au loin

 

En 1939, il épouse la chanteuse Lucienne Boyer.

 

« Parlez-moi d’amour

Redites-moi des choses tendres

Votre beau discours

Mon cœur n'est pas las de l’entendre

Pourvu que toujours

Vous répétiez ces mots suprêmes

Je vous aime …

 

Leur fille Jacqueline Boyer naît en 1941.

 

 Comment oublier ce jour où pendant la guerre, devant la maison des Landes qu'elle habitait avec son mari Jacques Pills, ont surgi les Allemands. Ils s'apprêtaient à arrêter Pills et son ami Coquatrix, qu'on ne présente plus, tous deux maquisards. Lucienne Boyer est soudain sortie de sa cuisine entonnant son Parlez-moi d'amour. Les soldats se sont confondus en excuses !

 

Dans les années 1940, reprenant son indépendance, Jacques devient chanteur de charme.

 

En 1941, il fait un tabac avec son ukulélé …

 

« Elle gagnait sa petite vie

Avec son ukulele

Tous les matins sur la plage

Elle vendait ses coquillages

Avec son uku

Avec son uku

Avec son ukulele

 

Il enchaîne en 1943 avec Cheveux dans le vent.

 

« Cheveux dans le vent et tout ruisselant de pluie

Chérie

Votre robe collée sur un corps mouillé de pluie

Chérie

 

En 45, Seul dans la nuit et Bonjour mon village.

 

« Bonjour, bonjour mon village
Bonjour mon beau pays
Qu'il est doux son visage
A mon coeur éboule

 

Sans oublier Oh ! La ! La.

 

« Oh ! La ! La ! Good morning mad ‘moiselle

Oh ! La ! La ! I go to l’Opéra …

 

Et enfin :

 

« Dans un coin de mon pays

Une fille me sourit

Une fille au coeur bien tendre

Une fille qui saura m'attendre

Elle attendra mon retour

Car je reviendrai un jour

Oui je reviendrai la prendre

Car cette fille c'est mes amours.

 

Son impresario est alors Bruno Coquatrix. Pills choisit le futur Gilbert Bécaud comme pianiste accompagnateur pour une tournée en Amérique.

 

Ils écrivent, ensemble, Je t'ai dans la peau pour Édith Piaf, qu'il épouse le 20 septembre 1952 à New York dans la paroisse des Français, l'église Saint-Vincent-de-Paul. Marlene Dietrich est l'un de leurs témoins.

 

« Je t'ai dans la peau,

Y a rien à faire.

Obstinément, tu es là.

J'ai beau chercher à m'en défaire,

Tu es toujours près de moi.

 

Ils divorcent cinq ans plus tard, en 1957.

 

En 1959, il est choisi pour la première participation de Monaco au Concours Eurovision de la chanson avec la chanson Mon ami Pierrot. Il est classé dernier des onze candidats.

 

Mais, l'année suivante, sa fille Jacqueline Boyer remporte le concours pour la France, avec le titre Tom Pillibi.

 

« Tom Pillibi a deux secrets

Qu'il ne livre à personne

Tom Pillibi a deux secrets

Moi seule, je les connais

 

Le succès de la musique yéyé le pousse à renoncer à sa carrière de chanteur. Il se retire dans sa ferme familiale de Bretagne-de-Marsan dans le département des Landes où il élève des poulets, des canards et des porcs, avant de retourner à Paris où il collabore avec Bruno Coquatrix pour la conception de spectacles à l’Olympia.

 

Il est inhumé au cimetière du centre de Mont-de-Marsan.

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5 mars 2022 6 05 /03 /mars /2022 17:23
"Le Supplément" du 5 Mars

"Sport.

 Ce 5 mars 1977, les Français de Fouroux, Palmié, Imbernon, Paparemborde, Rives, Skrela, Bastiat ou Romeu sont bousculés par de valeureux Écossais, jusqu’à ce que la bête Gérard Cholley sorte du bois. Alors que les Tricolores sont menés (0-3), le pilier du XV de France, et ancien boxeur poids lourd, décide de prendre les choses en main à sa façon. 

 

 Sur un lancer en touche d’Alain Paco, le XV de France enclenche un groupe pénétrant. Les Écossais sont sur le reculoir mais se mettent à la faute, ce qui n’est pas du goût de Cholley. Sous les yeux de l’arbitre, il dégoupille en assénant un violent direct du droit en pleine poire. Le troisième ligne centre du XV du Chardon, McDonald, s’écroule instantanément, littéralemment éteint par cette brutalité. 

 

 Le pilier français racontera plus tard que celui-ci ne s’était toujours pas remis de cette agression au banquet d’après-match puisqu’il s’était « vomi dessus ». 

 

 A la pause (9-3), rien n’est encore fait entre les deux nations, alors le monstre du Castres Olympique (1m93 ; 115 kg) décide d’en remettre une couche. Cholley se propose au soutien de son flanker Jean-Pierre Rives qui lui relève le ballon. Le pilier français fait ce qu’il savait faire de mieux en allant percuter l’ouvreur Wilson avec un bon gros raffut à l’ancienne, le poing fermé dans le visage de son adversaire. Bis repetita, l’Écossais est encore mis au tapis. 

 

 Cela dit, le XV du Chardon n’avait pas non plus été tendre avec les Français, puisque en début de partie, le demi de mêlée et capitaine Jacques Fouroux avait été victime d’une énorme cravate et avait dû terminer la rencontre avec le nez cassé. 

 

 Au terme de ce match musclé, les Français l’avaient emporté (23-3), grâce à un essai de Gérard Cholley, qui en aura inscrit 3 en 31 sélections.

 

 Quinze jours plus tard, la bande à Fouroux avait remporté le deuxième Grand Chelem de l’histoire du rugby français, après 1968, en allant s’imposer à Dublin face à l’Irlande. Celle-ci avait surtout l’exploit d’accomplir un Grand Chelem avec les 15 mêmes joueurs et sans encaisser le moindre essai au cours des quatre journées du Tournoi des 5 Nations.

 

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4 mars 2022 5 04 /03 /mars /2022 18:38
"Le Supplément" du 4 Mars

"Nougayork,

 

Claude Nougaro commence sa carrière sur scène en 1954 en récitant ses poèmes au Lapin Agile, cabaret parisien de Montmartre.

 

Claude Nougaro envoie des textes à Marguerite Monnot, compositrice d'Édith Piaf, qui les met en musique (Méphisto, Le Sentier de la guerre). C'est au Lapin Agile qu'il décide de chanter ses propres textes pour gagner sa vie, en 1957 (premier titre « connu » : Direction Vénus).

 

Durant ces années, Nougaro est également parolier pour d'autres interprètes, parmi lesquels Jacqueline François, Philippe Clay, Marcel Amont

 

Le succès ne se manifeste néanmoins qu'en 1962, au début des années Philips et de son directeur artistique Jacques Canetti, avec Une petite fille et Cécile ma fille (dédiée à sa fille, née en 1962 de sa femme Sylvie, hôtesse rencontrée au Lapin Agile ; « Cécile » étant par ailleurs le prénom de sa grand-mère paternelle).

 

« Elle voulait un enfant

Moi je n'en voulais pas

Mais il lui fut pourtant facile

Avec ses arguments

De te faire un papa

Cécile, ma fille …

 

Ces chansons le font immédiatement connaître du grand public, bien qu'il ait déjà commencé à percer en faisant les premières parties des concerts de Dalida.

 

En ce début d'années 1960, il introduit de nouveaux rythmes dans la chanson française et compose de nombreuses chansons, inspirées de thèmes et rythmes de jazz qui séduisent le public : Les Mains d'une femme dans la farine, Les Petits Bruns et les Grands Blonds, Le Cinéma, Chanson pour Marilyn, le Jazz et la Java.

 

Quand le jazz est

Quand le jazz est là

La java s’en

La java s'en va

 

Ses chansons Je suis sous, ou plus tard Tu verras, font référence à l’alcool.

 

« Ah, tu verras, tu verras, tout recommencera, tu verras, tu verras

L'amour, c'est fait pour ça, tu verras, tu verras

Je ferai plus le con, j'apprendrai ma leçon

Sur le bout de tes doigts, tu verras, tu verras

 

Sa chanson Toulouse est un vibrant hommage à sa ville natale. Dans le même temps, il chante deux titres, Armstrong et Petit Taureau, futurs classiques de son répertoire.

 

« Armstrong, je ne suis pas noir

Je suis blanc de peau

Quand on veut chanter l’espoir

Quel manque de pot …

 

Claude Nougaro rencontre, en 1984, Hélène, sa quatrième et dernière femme (« la femme de ma mort » se plaît-il à dire), kinésithérapeute toulousaine sur l'île de La Réunion. Il lui consacre une chanson Kiné, sur l'album Pacifique.

 

J'aime une kiné

Kiné qui n'est, qui n'est plus en exercice …

 

En 1985, Après Bleu Blanc Blues, un album jugé décevant au niveau des résultats, Barclay ne renouvelle pas son contrat. Nougaro y fait une allusion dans sa chanson Mon disque d’été.

 

« Mon disque d'été est déjà rayé

Par les rayons gris de la mélancolie

 

Nougaro vend sa maison de l'avenue Junot à Montmartre et part pour New York, en quête d'inspiration. Produit par WEA, Il écrit et enregistre sur place, l'album Nougayork.

 

« Dès l’aérogare

J'ai senti le choc

Un souffle barbare

Un remous hard-rock

Dès l’aérogare

J'ai changé d’époque

Come on, ça démarre

Sur les starting-blocks

 

Sa santé se dégrade à partir de 1995, année où, en avril, il subit une opération du cœur. À cette époque, Claude Nougaro fait part de son intention d'écrire un opéra, projet qui n'aboutira pas.

 

Après avoir subi de nouvelles interventions chirurgicales en début d'année, Nougaro meurt à paris le 4 mars 2004, à 74 ans, des suites d'un cancer du pancréas.

 

Ses obsèques sont célébrées à Toulouse en la basilique Saint-Sernin, dont le carillon joue pour l'occasion les notes de sa chanson Toulouse, et ses cendres sont dispersées dans la Garonne.

 

« Qu'il est loin mon pays, qu'il est loin

Parfois au fond de moi se ranime

L'eau verte du canal du Midi

Et la brique rouge des Minimes

Ô mon paîs, ô Toulouse, ô Toulouse …

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3 mars 2022 4 03 /03 /mars /2022 12:43
"Le Supplément" du 2 Mars

"Le beau Serge.

 

En 1940, Serge Gainsbourg est inscrit à l'École normale de musique de Paris. Il doit porter l'étoile jaune (« Une étoile de shérif », dira-t-il plus tard par dérision, ou « Je suis né sous une bonne étoile… jaune »).

 

Les métiers artistiques étant interdits aux Juifs, plus personne ne voulant l'engager comme pianiste, son père passe en zone libre en 1942 pour trouver du travail et échapper à la misère.

 

Durant ces années de guerre, la famille Ginsburg se voit retirer entièrement la nationalité française par une commission spéciale mise en place par Vichy qui les considère comme des « israélites sans intérêt national ».

 

De retour à Paris après la Libération, la famille s'installe au 55 avenue Bugeaud dans le 16e arrondissement. Lucien est en échec scolaire et abandonne peu avant le bac au lycée Condorcet.

 

Il s'inscrit alors aux Beaux-Arts, et fréquente l'Académie de Montmartre.

 

Le 5 mars 1947 à l'Académie de Montmartre, il rencontre sa future première femme, Élisabeth Levitsky, fille d'aristocrates russes qui a des accointances avec les surréalistes, en particulier Georges Hugnet dont elle était la secrétaire. Il l'épouse le 3 novembre 1951.

 

En 1954, il abandonne la bohème pour devenir crooner de piano-bar dans les casinos de villes côtières comme Le Touquet Paris-Plage (où il joue au Club de la Forêt du restaurant Flavio), ou Deauville, ou encore dans des cabarets parisiens comme chez Madame Arthur, un cabaret transformiste.

 

Il a une révélation en voyant, au cabaret Milord l'Arsouille, Boris Vian qui écrit et interprète des textes provocateurs, drôles, cyniques, loin du répertoire des vedettes du moment comme Dario Moreno ou Annie Cordy.

 

Bientôt, en 1955, engagé comme pianiste d'ambiance par Francis Claude, directeur artistique du cabaret, Serge Gainsbourg accompagne à la guitare la chanteuse Michèle Arnaud.

 

 En 1957, par hasard, Michèle et Francis découvrent avec stupéfaction les compositions de Gainsbourg en allant chez lui voir ses toiles. Le lendemain, Francis Claude pousse Serge sur scène. Mort de trac, il interprète son propre répertoire, dont Le Poinçonneur des Lilas. Claude le présente dans son émission sur les ondes de Paris-Inter, le 5 janvier 1958 ; puis il le présente à Jacques Canetti, alors directeur du théâtre des Trois Baudets et directeur artistique des Disques Philips.

 

Pour Canetti, la ressemblance entre Boris Vian et Serge Gainsbourg est troublante : le même trac, la même élégance, une vision cynique de l'époque. Jacques Canetti prend en main la carrière naissante de Serge Gainsbourg, lui proposant de chanter aux Trois Baudets et dans les tournées qu’il organise avec Jacques Brel, Guy Béart ou Raymond Devos.

 

Il décide alors d'abandonner la peinture pour se consacrer à la composition musicale et détruit la quasi-totalité de ses toiles, au grand dam de son épouse qui ne lui pardonnera jamais cet « autodafé ». Il se lance aussi dans une cour effrénée auprès des femmes, qu'il séduit en grand nombre, ce qui l'éloigne d'Élisabeth ; ils divorcent en octobre 1957, six ans après leur mariage.

 

Il rencontre son premier succès commercial en 1960, avec le simple L'eau à la bouche, vendu à 100 000 exemplaire.

 

"Cette nuit près de moi tu viendras t'étendre

Oui je serai calme je saurai t'attendre

Et pour que tu ne t'effarouches 

Vois, je ne prends que ta bouche ...

 

Lorsque l'époque des yéyés arrive, il a trente-deux ans et n'est pas très à l'aise : passant en première partie de Jacques Brel ou de Juliette Gréco, il est la risée du public et des critiques, qui se moquent de ses grandes oreilles et de son nez proéminent. Débute, avec Gréco, une collaboration qui dure toute cette période « Rive gauche », dont le point d'orgue sera La Javanaise à l'automne 1962.

 

Pour Philippe Clay, auquel il ressemble de façon troublante, il écrit en 1962 Chanson pour tézigue et en 1965 Lily taches de rousseur. En 1964, ils apparaissent dans l'émission télévisée Demandez le programme pour deux duos (L'Accordéon et L'Assassinat de Franz Lehár).

 

Il rencontre Elek Bacsik et Michel Gaudry et leur propose de collaborer avec lui pour Gainsbourg Confidentiel, album empreint du jazz d'avant-garde qui plaît tant à Gainsbourg, mais qui, il le sait, ne lui permettra jamais d'accéder au succès. Ce disque ne se vend qu'à 1 500 exemplaires. Dès la sortie du studio, il déclare : « Je vais me lancer dans l'alimentaire et m'acheter une Rolls ».

 

En écrivant pour Juliette Gréco (Accordéon, La Javanaise) et Petula Clark (La Gadoue), il rencontre ses premiers succès, mais c'est avec Françoise Hardy (Comment te dire adieu) et surtout avec France Gall qu'il va réussir à séduire un public jeune.

 

Après avoir chanté quelques titres à succès (N'écoute pas les idoles, Laisse tomber les filles), France Gall remporte, le 20 mars 1965, le grand Prix du Concours Eurovision de la chanson, avec le titre Poupée de cire, poupée de son, écrit par Gainsbourg à la demande de Maritie et Gilbert Carpentier.

 

La chanson lauréate devient un tube international. 

 

"Mes disques sont un miroir

Dans lequel chacun peut me voir ...

 

Gainsbourg, en tant qu'interprète, entre à part entière chez les « yéyés » avec Qui est "in" qui est "out", chanson souvent passée dans l'émission Salut les copains

 

À la fin de 1967, il vit une passion, courte mais intense, avec Brigitte Bardot, à qui il dédie la chanson Initials B.B., après lui avoir écrit plusieurs titres emblématiques : Harley Davidson, Bonnie and Clyde, Je t'aime... moi non plus.

 

"Une nuit que j'étais à me morfondre

Dans quelque pub anglais du coeur de Londres

Parcourant l'Amour monstre de Pauwels

Me vint une vision dans l'eau de Seltz ...

 

 L'enregistrement de ce dernier titre avec elle en décembre 1967, gardé secret par Serge Gainsbourg à la demande de Brigitte Bardot (qui était alors mariée à Gunter Sachs), ne sortira qu'en 1986 , mais la chanson est rendue célèbre l'année suivante, réenregistrée en duo avec Jane Birkin.

 

Sur le tournage du film Slogan en 1968, il rencontre Jane Birkin.

Il lui fait chanter Je t'aime... moi non plus et 69 année érotique, devenus d'immenses succès. Ils deviendront pendant dix ans un couple très médiatique, régulièrement à la une des médias, chacun enchaînant disques et tournages, concerts et apparitions photographiques. C'est dans ce contexte qu'est publié en 1969 l'album Jane Birkin - Serge Gainsbourg réalisé en duo, où le couple se partage les chansons.

 

 L'album comprend en plus les musiques de film Manon et Elisa qui avaient rencontré toutes deux le succès à leur sortie en 1968.

 

Gainsbourg dédie également à sa nouvelle compagne le titre Jane B, au thème musical largement inspiré par le prélude en mi mineur Opus 28 no 4, de Frédéric Chopin. Il a, d'ailleurs, fait tout au long de sa carrière de nombreux emprunts à la musique classique.

 

"Signalement, yeux bleus, cheveux châtains

Jane B.

Anglaise, de sexe féminin

Age : entre vingt et vingt et un

Apprend le dessin ...

 

Les années 1970 sont marquées par l'écriture et la composition de quatre albums importants : Histoire de Melody Nelson en 1971, Vu de l'extérieur en 1973 (avec son tube Je suis venu te dire que je m'en vais, Rock around the bunker en 1975, et L'Homme à tête de chou en 1976 (avec ses sulfureuses Variations sur Marilou).

 

La suite ? Gainsbarre prendra le relais.

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Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin